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Chaos au Stade de France : moins de 3 000 «faux billets scannés» selon l’UEFA et la FFF

La Fédération française de football et l'UEFA ont communiqué le 31 mai leur évaluation du nombre de faux billets présentés pour la finale de la ligue des Champions, fragilisant les déclarations controversées du ministre de l'Intérieur.

La Fédération française de football (FFF) et l’UEFA ont évalué à 2 800 le nombre «de faux billets scannés» au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions le 28 mai, ont indiqué le 31 mai à l’AFP des sources proches du dossier, confirmant une information de RMC Sports. La FFF et l’UEFA ont donné cette évaluation lors de la réunion organisée par le ministère des Sports, destinée à tirer les leçons du fiasco entourant la rencontre. Parmi ces 2 800 faux billets peuvent d’ailleurs également figurer des vrais billets ayant été mal activés, selon l’avocat Pierre Barthélémy, représentant les groupes de supporteurs français, interrogé par l’AFP.

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Le 30 mai, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait évoqué une fraude «massive, industrielle et organisée» de billets qui aurait été à l’origine du chaos du 28 mai, évoquant 30 000 à 40 000 supporters anglais au Stade de France «soit sans billet, soit avec des billets falsifiés». Mais le ministre s’était contenté de donner un pourcentage de «70%» de faux billets papiers détectés au pré-filtrage, sans donner de chiffre plus précis. Les 2 800 «faux billets scannés», selon les sources proches du dossier, sont un chiffre «à prendre avec précaution», selon Pierre Barthélémy. «Il fallait activer les billets électroniques, et il y a eu des pannes, des bugs informatiques au niveau des portiques qui ont fait que certains vrais billets ont été scannés comme faux», explique-t-il.

«J’en veux pour preuve le témoignage de [Andy] Robertson, le joueur de Liverpool, qui a offert des billets officiels à des proches. Une fois aux tourniquets, on leur a dit que ces billets étaient des faux», a rappelé l’avocat. Une enquête a été confiée à la police judiciaire parisienne sur la fraude de billets présumée, tandis que l’UEFA a ouvert de son côté une enquête indépendante pour faire la lumière sur les incidents ayant entouré la finale.

Bataille de chiffres

Dans un communiqué du 31 mai, la FFF a cependant défendu le dispositif d’accueil mis en œuvre pour la finale de la Ligue des Champions, assurant avoir déployé «1 650 agents de sûreté et d’accueil en anticipation d’une éventuelle présence de personnes sans billets ou en possession de faux billets», ce qui représente un dispositif «supérieur de 25% à celui d’un match de l’équipe de France à guichets fermés». Evoquant 75 000 billets édités pour la rencontre, elle «a cependant constaté que 110 000 personnes s’étaient rendues» au Stade de France, une estimation reposant «sur la base des informations recueillies auprès des différents opérateurs publics et privés» de transport.

Elle en conclut qu’il y avait aux abords du stade de Saint-Denis «35 000 personnes supplémentaires, en possession de faux billets ou sans billets», et que celles-ci «ont provoqué des troubles à l’ordre public en bloquant les portes d’accès au stade et en empêchant certains titulaires de vrais billets d’y accéder avant le coup d’envoi du match prévu à 21h». L’instance présidée par Noël Le Graët a ainsi semblé épouser la thèse du gouvernement, alors que les chiffres avancés par Gérald Darmanin ont été très critiqués, en Angleterre comme en France.

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«30 à 40 000 faux billets, cela me paraît très, très gros», a estimé l’ex-député Génération.s Régis Juanico, spécialiste des questions sportives. Le maire de la métropole de Liverpool Steve Rotheram, lui-même présent – et victime de pickpockets – au Stade de France, a lui aussi jugé «grotesques» les chiffres avancés par les autorités françaises, estimant qu’elles cherchaient à «détourner l’attention».

En Grande-Bretagne, la gestion catastrophique de l’événement n’en finit pas de susciter des réactions courroucées : le président du club de Liverpool, Tom Werner, a adressé un courrier incendiaire à la ministre française des Sports, lui reprochant entre autres des «commentaires irresponsables, peu professionnels et totalement irrespectueux» envers les fans des Reds, qui ont été selon lui «traités comme du bétail». Amélie Oudéa-Castéra avait notamment estimé sur RTL, le 30 mai, que les Anglais avaient «laissé leurs supporters dans la nature» durant le week-end, propos que le célèbre club anglais a fort mal reçus, réclamant des excuses officielles. La ministre a amorcé un timide mea culpa dans un entretien avec plusieurs médias le 31 mai, dont Le Parisien, concédant l’existence «d’un certain nombre de comportements qui n’auraient pas dû se produire» et un «déficit d’encadrement». «On leur doit clairement des excuses», a-t-elle ajouté à propos des supporters de Liverpool qui étaient en règle.

Gérald Darmanin «devrait de lui-même considérer qu’il doit partir», juge Marine Le Pen 

Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castera sont attendus au tournant pour une audition ce 1er juin au Sénat pour tirer au clair les causes de ce Waterloo sportif, l’affaire ayant pris un tour hautement politique quant à la capacité de la France à organiser des événements sportifs majeurs à un an du Mondial de rugby et à deux ans des Jeux olympiques à Paris. Réagissant aux estimations de la FFF et de l’UEFA, le député Les Républicains Eric Ciotti a réclamé «la vérité» de la part du ministre de l’Intérieur, et demandé la création d’une commission d’enquête.

Pour le Rassemblement national, Marine Le Pen a jugé, le 1er juin sur France 2, que les faits étaient «gravissimes», et accusé le ministre de l’Intérieur d’avoir sciemment menti. Dans n’importe quelle démocratie, face à un fiasco pareil, face à un chaos qui […] donne de la France une image déplorable, il devrait de lui-même considérer qu’il doit partir», a-t-elle estimé, plaidant pour des excuses officielles auprès du club anglais afin d’éviter «une crise diplomatique». 

Sur le plan judiciaire, trois hommes, des étrangers en situation irrégulière, ont été condamnés le 31 mai en comparution immédiate à des peines allant de six mois de prison avec sursis à dix mois d’emprisonnement ferme pour des vols commis sur des supporters autour du Stade de France. Un autre match, opposant la France au Danemark en Ligue des nations, est prévu le 3 juin dans l’enceinte sportive et devrait se tenir à guichets fermés.




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