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Chili : la population rejette très largement le projet de nouvelle Constitution porté par la gauche

Le projet de nouvelle Constitution chilienne a été très largement été rejeté par référendum, mais le pouvoir de gauche chilien est déterminé à enterrer le texte actuel qu'il juge invalidé par les événements politiques récents.

Les Chiliens ont massivement rejeté le 4 septembre la proposition de nouvelle Constitution qui visait remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), mais le président de gauche Gabriel Boric a aussitôt annoncé sa volonté de relancer «un nouveau processus constitutionnel».

Le verdict de ce référendum à vote obligatoire est sans ambiguïté et dépasse toutes les prédictions des instituts de sondage. Quelque 61,9% des électeurs, soit plus de 7,8 millions de personnes, ont glissé le bulletin «je rejette», contre 4,8 millions (38,1%) optant pour la mention «j’approuve», selon les résultats définitifs.

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Ce choix ne fait cependant que suspendre le processus de nouvelle Constitution  entamé après le violent soulèvement populaire de 2019 réclamant plus de justice sociale, et rendait coupable de tous les maux du pays celle rédigée sous le régime militaire. «Je m’engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour construire un nouveau processus constitutionnel», a solennellement déclaré après les résultats le président de gauche de 36 ans élu en décembre.

Depuis le palais présidentiel de la Moneda, il a lancé «un appel à toutes les forces politiques pour qu’elles fassent passer le Chili avant toute divergence légitime, et qu’elles se mettent d’accord le plus rapidement possible sur les délais et les contours» de ce nouveau processus «dans lequel, bien sûr, le Parlement devra être le principal protagoniste».

Célébrant la «défaite pour les refondateurs du Chili», Javier Macaya, président du parti conservateur UDI, a déclaré lors d’une conférence de presse vouloir également «poursuivre le processus constitutionnel», comme s’y était engagé l’opposition durant la campagne pour faire barrage au texte proposé.

Un texte se voulant jeune et progressiste

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Un premier référendum en octobre 2020 avait validé la rédaction d’un nouvelle Loi fondamentale (79%). Mais force est de constater que la copie proposée par une Assemblée constituante de 154 membres élus en mai 2021 n’a pas convaincu une large majorité de Chiliens. 

L’actuelle constitution rédigée en 1980, place l’économie néolibérale au cœur de ses principes fondateurs et stipule que l’Etat peut seulement «contribuer à créer les conditions sociales» pour l’épanouissement des personnes. Outre la suppression du Sénat, remplacé par un régime à une chambre, la nouvelle Constitution prévoyait une stricte parité imposée pour l’attribution des postes gouvernementaux. 

Le nouveau texte reconnaissait des droits «environnementaux», premier pas vers une reconnaissance de droits pour les animaux ou pour les ressources naturelles comme l’eau, en tant que bien commun. 

Il instaurait aussi des dispositions pour garantir un droit à l’éducation, à la santé publique, à une retraite ainsi qu’à un logement alors que le système actuel du Chili est très libéralisé et inégalitaire ce qui avait alimenté la crise de 2019.  

L’épineuse question des indigènes

L’inscription dans le marbre du droit à l’avortement, un sujet qui fait débat dans le pays où l’IVG n’est autorisée que depuis 2017 en cas de viol ou de danger pour la mère ou l’enfant, ou encore l’octroi de nouveaux droits aux peuples autochtones, a crispé les débats. 

LaConstitution de 1980 ne faisait aucune référence aux onze peuples indigènes qui représentent 12,8% de la population chilienne. Le nouveau texte entendait les reconnaître sous différentes nations à l’intérieur du pays, bien que l’Etat resterait «unique et indivisible». Une certaine autonomie leur aurait été accordée, en matière judiciaire notamment pour autant que la Constitution et les traités internationaux soient respectés. La Cour suprême conserverait sa suprématie.

L’ancienne présidente Michelle Bachelet, qui demeure très populaire dans son pays, vient de quitter son poste de Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme à Genève, où elle a voté et a prévenu qu’en cas de rejet, «les demandes des Chiliens resteront insatisfaites».

Comme elle, quelque 100 000 Chiliens installés à l’étranger étaient appelés à se prononcer sur le texte.




Le leader de la coalition de gauche Gabriel Boric élu président du Chili


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