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Clémentine Autain prône une refonte du fonctionnement de La France insoumise

L'élue de Seine-Saint-Denis a formulé plusieurs critiques concernant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui peine selon elle à s'ancrer localement et reste piloté par «un petit noyau de dirigeants», et suggéré plusieurs changements internes.

Dans un billet de blog publié le 21 août, intitulé «LFI : franchir un cap pour gagner», la députée de la France insoumise Clémentine Autain, a listé une série de critiques concernant le fonctionnement du mouvement, réclamant davantage de «pluralisme» interne et «d’ancrage territorial». Selon elle, le fonctionnement «gazeux» de l’organisation montre ses limites et il convient de franchir «une nouvelle étape» pour l’emporter dans «la course de vitesse engagée avec la macronie et l’extrême droite».

Le texte, paru peu avant le début des «Amphis d’été» du mouvement qui se tiendront dans la Drôme du 25 au 28 août, évoque d’abord les avantages de LFI, nouvelle forme d’organisation par rapport aux partis traditionnels. «Plus souple, tourné vers l’action, très offensif sur les réseaux sociaux, débarrassé des batailles internes de Congrès, notre mouvement a su épouser une part des exigences de notre temps.» Ainsi, LFI a su, selon elle, s’adapter à un «paysage politique en recomposition» et mobiliser efficacement pendant l’élection présidentielle, ce qui a permis de «franchir des caps importants» et de conquérir «un leadership à gauche», en faisant passer le nombre de députés insoumis de 17 à 75.

Silencieux depuis qu'il a été «débranché», Taha Bouhafs dénonce l'opacité de LFI dans une lettre


Silencieux depuis qu’il a été «débranché», Taha Bouhafs dénonce l’opacité de LFI dans une lettre

En un mot : plus efficace dans la durée

Mais la médaille a son revers, puisque «les lieux de la prise de décision restent flous, l’espace du débat stratégique n’est pas identifié, la partition entre le local et le national mériterait d’être redéfinie», écrit l’élue. Elle juge ainsi le bilan «moins positif aux élections intermédiaires et dans les périodes hors élection». Surtout, elle déplore la permanence d’un «petit noyau de dirigeants» qui va à l’encontre de la «diversité» et de la «pluralité» qu’elle souhaite, et préconise la mise en place d’une «direction collégiale». De plus, «sans identification claire des processus de décision, le gazeux désoriente et rend plus facile les procès en légitimité des décisions prises», déplore Clémentine Autain. Soulignant que «la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, “clé de voûte” de la FI, a jusqu’ici joué en grande partie un rôle de légitimation», elle suggère en filigrane qu’il faudra un jour envisager la succession à la tête du mouvement.

La députée de Seine-Saint-Denis plaide globalement pour une organisation «plus efficace dans la durée», affirmant qu’«un petit groupe unifié et déterminé au sommet de la FI ne suffira pas» à relever le défi, alors qu’il faudrait «disposer de centaines de cadres sur tout le territoire». Ce déficit d’ancrage territorial préoccupe l’élue, qui propose que les «groupes d’action» (GA), qui rassemblent localement les militants insoumis, soient mieux coordonnés entre eux : selon elle, «il est nécessaire que LFI existe aussi à cette échelle, celle d’une ville, d’une agglomération, d’un “pays”, d’un département voire d’une région».

Mouvement sans cartes ni cotisations obligatoires, LFI laisse ainsi aux GA «le soin de financer par eux-mêmes l’essentiel de leurs actions», ce qui empêche de mobiliser dans la société […] et de progresser électoralement», constate Clémentine Autain, qui suggère un recours aux «cotisations volontaires». Toujours au sujet de l’échelon local, elle critique un déficit «de réflexion, d’échanges et de formation», et préconise de «revisiter» la règle selon laquelle on peut créer un autre GA dès qu’un désaccord apparaît entre militants.

Maintenir la dynamique de la Nupes

Enfin, Clémentine Autain espère que la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition constituée pour les législatives avec le Parti socialiste, les écologistes, les communistes et Générations, sera «durable», après le refus des partenaires de LFI de constituer un groupe unique à l’Assemblée nationale en juin 2022. D’abord à travers des «assemblées de circonscription» au niveau local, mais aussi avec le «parlement de la Nupes», qui a «d’abord été celui de la campagne de Jean-Luc Mélenchon» et qui n’a pas permis de dépasser réellement le cadre classique des organisations politiques, alors qu’il faudrait en garantir l’ouverture et le pluralisme pour attirer «syndicalistes, artistes, intellectuels, associatifs».

Selon Le Parisien, le texte de Clémentine Autain «n’a trouvé que très peu d’écho dans son propre camp», en dehors de l’accueil favorable d’Aurélie Trouvé, députée et présidente du parlement de l’Union populaire (devenu parlement de la Nupes), tandis qu’Alexis Corbière, proche de Jean-Luc Mélenchon a reconnu la nécessité d’«imaginer un autre fonctionnement», mais en prenant «le temps de la réflexion».

L’élue de Seine-Saint-Denis a plusieurs fois, au cours des dernières années, formulé des critiques contre le fonctionnement de LFI, dominé par la figure charismatique de Jean-Luc Mélenchon, qui a été deux fois son candidat à l’élection présidentielle après l’avoir été pour le Front de gauche en 2012, et qui a échoué de peu à se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle en 2022. Elle a aussi été au cœur de la polémique autour du retrait de la candidature de Taha Bouhafs (accusé de «violence sexuelle») à Vénissieux aux législatives de juin : «débranché» par le mouvement, ce dernier avait dénoncé l’opacité du fonctionnement de LFI et mis en cause Clémentine Autain, qui aurait exigé de lui qu’il produise un communiqué mentionnant les «attaques racistes», comme raison officielle de son retrait.




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