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Corruption présumée au Parlement européen : l’eurodéputée Eva Kaili reste en detention

Empêtrée dans une affaire de corruption présumée, l'ancienne vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, restera en prison: la chambre du conseil de Bruxelles a décidé de prolonger sa «détention préventive d'un mois».

La justice belge a ordonné le 22 décembre le maintien en détention provisoire de l’eurodéputée grecque Eva Kaili, inculpée dans une enquête pour corruption impliquant le Qatar qui lui a déjà coûté son poste de vice-présidente du Parlement européen.

La chambre du conseil de Bruxelles, devant laquelle l’élue socialiste a comparu onze jours après son incarcération, a refusé la demande d’un placement sous bracelet électronique et a «prolongé la détention préventive d’un mois», a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué. Les avocats ont décidé de ne pas faire appel de la décision, a indiqué l’un d’eux à l’AFP, André Risopoulos.

L’eurodéputée de 44 ans nie toute corruption, ont réaffirmé ses conseillers dans la matinée du 22 décembre. Ils espéraient obtenir une remise en liberté assortie d’un placement sous bracelet électronique, faisant notamment valoir sa «participation active» à l’enquête et l’absence de risque de fuite.

Eva Kaili, le 7 décembre 2022, à Bruxelles (image d'illustration).

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Dans ce scandale qui a provoqué une onde de choc au Parlement européen et des tensions entre le Qatar et l’UE, Eva Kaili fait partie d’un quatuor de suspects incarcérés après une inculpation pour «appartenance à une organisation criminelle», «blanchiment d’argent» et «corruption». Le 14 décembre avait déjà été décidé le maintien en prison de Francesco Giorgi, compagnon de l’eurodéputée socialiste, et de l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, qui apparaissent aussi comme des figures clefs du dossier. Un quatrième inculpé, Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant d’une ONG, s’était vu accorder ce jour-là un placement sous bracelet électronique, mais la mesure a été suspendue car le parquet fédéral a interjeté appel. Une audience a été fixée au 27 décembre, selon son avocate.

Ancienne présentatrice du journal télévisé, devenue une figure controversée du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) – qui l’a exclue dès les premières révélations –, Eva Kaili ne cesse de démentir avoir reçu de l’argent du Qatar pour influencer ses décisions politiques. Selon une source judiciaire belge, des sacs remplis de billets de banque d’une valeur de 150 000 euros ont été découverts dans son appartement à Bruxelles.

Mais Eva Kaili «ne connaissait pas l’existence de cet argent», a affirmé son avocat grec Michalis Dimitrakopoulos, selon qui Francesco Giorgi aurait «trahi la confiance» de sa compagne. En Grèce, un compte bancaire commun du couple a été saisi par la justice, ainsi qu’un terrain de 7 000 m2 sur l’île de Paros acheté via ce compte, a-t-on appris le 22 décembre de source judiciaire. Une enquête a été ouverte la semaine dernière par le parquet financier d’Athènes.

1,5 million d’euros en liquide retrouvés

En Belgique, l’enquête dirigée par le juge financier Michel Claise a donné lieu à vingt perquisitions entre le 9 et le 12 décembre, y compris dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles. Le père d’Eva Kaili a été gardé à vue pendant 48 heures dans la capitale belge, tandis que l’épouse et la fille d’Antonio Panzeri, ciblées par un mandat d’arrêt européen, ont été interpellées en Italie. Elles contestent devant les tribunaux italiens leur remise à la Belgique.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors de sa conférence de presse annuelle le 21 décembre 2022.

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Au total, les enquêteurs belges ont mis la main sur 1,5 million d’euros en liquide, d’après la même source judiciaire. Outre les 150 000 euros découverts chez Eva Kaili, son père a été surpris avec une valise contenant 750 000 euros en espèces. Enfin, 600 000 euros ont été saisis au domicile d’Antonio Panzeri, ancien élu socialiste du Parlement européen qui a fondé en 2019 à Bruxelles l’ONG Fight Impunity, dont les trois ans d’activité sont désormais scrutés à la loupe.

Le dirigeant syndical italien Luca Visentini, qui connaît Antonio Panzeri, a admis cette semaine avoir reçu de Fight Impunity un don en espèces d’environ 50 000 euros, mais il a assuré qu’il n’était lié à aucune tentative de corruption ou trafic d’influence au profit du Qatar. Inquiété dans l’enquête, Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI, Ituc en anglais), a été libéré sous contrôle judiciaire le 11 décembre après deux jours de garde à vue. Le 21 décembre, il a été «suspendu» de ses fonctions par l’organe de direction de la CSI.

Sur le plan diplomatique, le scandale ébranle la relation entre l’UE et le Qatar, qui a prévenu d’un possible «impact négatif» sur l’approvisionnement en gaz. L’émirat, qui «rejette fermement» les accusations, a protesté contre un vote intervenu le 15 décembre au Parlement européen qui vise à suspendre l’accès «des représentants d’intérêts qatariens» le temps de l’enquête.

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