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Coupures d’électricité : les patients sous respirateur «non prioritaires», l’opposition bondit

En charge de la distribution d'électricité, l'entreprise Enedis a annoncé que les personnes dont l'équipement médical à domicile dépend d'une alimentation électrique ne seraient pas épargnés par les coupures, ce qui a suscité un vif émoi.

Une terminologie bien particulière pour un sujet sensible. Le 5 décembre, Laurent Méric, porte-parole d’Enedis, a annoncé sur le plateau de BFM TV que «les personnes […] à haut risque vital ne font pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures» dans le cadre des coupures d’électricité attendues cet hiver, à propos de personnes malades ou fragiles qui ont besoin d’un respirateur artificiel à leur domicile.

Des patients «éventuellement délestables»

Laurent Méric a expliqué que ces patients étaient considérés comme étant «non-prioritaires» et «éventuellement délestables», c’est-à-dire plus concrètement privés du courant permettant d’alimenter leurs appareils. Les personnes concernées sont appelées à se signaler auprès de leur agence de santé régionale (ARS), qui communiquera une liste à Enedis, celle-ci devant ensuite se charger de les contacter deux jours avant la coupure. «On va les appeler, on va leur envoyer un SMS, un mail […] pour voir s’ils ont pris des précautions», s’est justifié Laurent Méric, promettant «d’envoyer quelqu’un» au domicile des intéressés.

Ces patients à haut risque pourront ensuite être «aidés» et conduits «dans un endroit qui ne sera pas délesté pour que la plus grande garantie leur soit apportée», a-t-il complété. Comme le détaille le Midi libre, il peut s’agir de «patients sous respirateur ayant une autonomie inférieure ou égale à quatre heures par jour», ou d’enfants  alimentés par voie intraveineuse, via un cathéter.

«C’est ahurissant !», a commenté la leader du Rassemblement national, Marine Le Pen. 

«Les personnes sous respirateur artificiel à domicile “sont non-prioritaires” et “délestables”», a relevé le chef des Patriotes Florian Philippot en s’étonnant du vocabulaire retenu compte tenu de la gravité de l’annonce, alors même que le chef de l’Etat a appelé le 3 décembre à «ne pas céder à la panique» dans une interview au Parisien.

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«Quand il y a des délestages électriques, je m’interroge sur le fait qu’on garde les aéroports allumés et qu’on coupe l’électricité à des personnes qui ont des respirateurs artificiels», a mis en perspective Sandrine Rousseau, qui se définit comme «écoféministe», interrogée sur BFM TV au sujet des coupures à venir.

Le gouvernement place ses espoirs dans les «petits gestes supplémentaires» des Français

Sur le plateau de France 2 ce 6 décembre, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a affirmé que les coupures d’électricité n’étaient pas «inéluctables» cet hiver si les Français effectuent des «petits gestes supplémentaires» pour réduire leur consommation. «Nous avons la pleine capacité collectivement d’éviter tout risque de coupure, quelles que soient les conditions hivernales», a-t-il assuré en évoquant des efforts à consentir dans chaque foyer.

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Le gouvernement a présenté une série de mesures pour faire face à d’éventuelles coupures d’électricité cet hiver, redoutées en raison d’une production historiquement basse du parc nucléaire. Les coupures de courant devraient être programmées et ciblées, à raison de deux heures consécutives maximum avec des délestages confirmés la veille, en cas de surcharge du réseau électrique. Si les gendarmeries, casernes de pompiers, commissariats, hôpitaux et autres sites sensibles doivent être épargnés, il n’en va pas de même pour les logements des particuliers. Ces derniers sont incités à se mobiliser dans le cadre du «plan de sobriété» présenté en octobre par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher : en réduisant entre autres le chauffage et l’éclairage, il s’agit de viser, dans les deux ans, un objectif de 10% de réduction de la consommation énergétique par rapport à 2019, puis d’accentuer ces efforts les années suivantes.

En juin, le président de la République avait pourtant affirmé qu’il n’y avait «aucun risque de coupure [pendant l’hiver] parce que quand il y a des besoins, on s’approvisionne sur le marché européen», fustigeant au passage les voix de gauche et de droite qui se prononçaient en faveur d’une sortie du marché énergétique européen.

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