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Débat à l’Assemblée sur l’Ukraine : LFI et RN mettent un bémol sur les questions énergétiques

Les deux plus grandes forces d'opposition au gouvernement LFI et RN ont émis des critiques sur la politique ukrainienne du gouvernement, s'inquiétant notamment des conséquences économiques des sanctions sur l'énergie.

Devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre Elisabeth Borne a tenu, le 3 octobre, un discours dans la droite ligne de la position occidentale sur la question ukrainienne. C’est en condamnant encore une fois la Russie, et en vantant l’effet des sanctions et des livraisons d’armes à Kiev, que le chef du gouvernement a ouvert le débat, dans un Hémicycle pavoisé aux couleurs de l’Ukraine, en présence de son ambassadeur. 

«Notre objectif est le même depuis le début : rendre le coût de la guerre insupportable pour la Russie», a-t-elle entre autres déclaré. Revendiquant le statut d’allié «fiable et crédible», Borne a martelé vouloir aider l’Ukraine «autant que nous le pouvons… sans entrer en guerre contre la Russie». 

Douteux parallèles historiques…

Autre cible du chef du gouvernement, intérieure celle là, l’opposition LFI. Ainsi Jean-Luc Mélenchon a-t-il été pointé du doigt pour avoir qualifié l’OTAN d’«agresseur» avant l’opération russe. Le RN a quant à lui été une nouvelle fois accusé de «dépendance» envers la Russie, en raison d’un prêt de 9 millions d’euros souscrit en 2014 par le parti auprès d’une banque russe. « Envoyez vos doléances au Kremlin, adressez-vous à vos créanciers », a d’ailleurs taclé l’élue Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance. 

Le député Benjamin Haddad, ancien directeur Europe de l’Atlantic council, a d’ailleurs enfoncé le clou, au détour d’une phrase, comparant l’opposition aux sanctions à l’Occupation, en évoquant le collaborationniste Marcel Déat qui aurait déclaré en 1938 : «Mourir pour Dantzig, jamais !»

«Les voix de la défaite s’élèvent, toujours les mêmes, une colonne de capitulards toujours près à se coucher devant la force […] Si nous les avions écoutés nous serions les alliés de la Russie aujourd’hui. Est-ce que c’est ça être souverain ?», s’est-il exclamé. 

Même constat à LFI et au RN sur les sanctions énergétiques

«S’il est légitime de sanctionner la Russie, il faut agir avec efficacité et responsabilité, jamais au détriment des Français», a déclaré pour sa part le député Jérôme Buisson. L’élu du RN, regrettant que les sanctions pèsent sur les peuples, a plaidé pour des sanctions plus ciblées, à la fois «sur les oligarques» et sur les exportations de biens «utilisés par l’industrie de l’armement russe, comme les semi-conducteurs».

Pour le groupe RN, les sanctions énergétiques sont des «sanctions contre les Français». «Votre gouvernement est rattrapé par le réel», a-t-il lancé au premier ministre, lui reprochant son «incurie énergétique» et l’influence néfaste de Bruxelles sur le «modèle français»: «le marché européen de l’électricité est encore un mécanisme qui pénalise la France». Et Jérôme Buisson d’ajouter: «Les seules solutions que vous nous proposez, c’est de baisser le chauffage et de mettre des cols roulés !»

Le RN s’en prend à l’Union européenne

«Des pans entiers de notre économie sont menacés […] les prix de l’électricité et du gaz deviennent si prohibitifs que vous obligerez les usines à fermer cet hiver, tandis que d’autres risquent de voir leur électricité coupée», a-t-il poursuivi, estimant que la pénurie énergétique «hypothèque toute velléité de ressusciter notre appareil industriel».

Nous nous faisons l’écho de l’inquiétude grandissante des Français qui demain ne pourraient peut-être plus se chauffer.

Le député a par ailleurs rappelé que les sanctions et l’augmentation des prix de l’énergie avaient permis à la Russie d’engranger d’importants bénéfices avec ses ventes d’hydrocarbures. 

«Si nous soutenons le peuple ukrainien dans sa défense contre l’invasion russe, nous nous faisons l’écho de l’inquiétude grandissante des Français qui, demain, ne pourraient peut-être plus se chauffer, risquent de voir leur entreprise mettre la clef sous la porte, ou encore de perdre leur emploi», a-t-il ajouté, dénonçant au passage le partenariat d’achat de gaz par l’UE avec l’Azerbaïdjan, «qui agresse l’Arménie dans votre indifférence». 

LFI fustige l’impréparation du gouvernement

Côté LFI, la présidente du groupe à l’Assemblée Mathilde Panot a récusé le «mensonge» selon lequel la crise actuelle ne serait due qu’à la crise ukrainienne : «Au commencement, la pandémie de Covid-19 disloquait les chaines d’interdépendance et désorganisait les chaines de production mondialisées, la distorsion du marché a entraîné une folie spéculative et l’explosion des prix, la guerre en Ukraine n’a fait qu’achever ce chaos», a-t-elle énuméré. 

Et l’élue insoumise de tancer l’«impréparation» du gouvernement», qui risque de «faire payer au pays sa «désinvolture». «Ce sont les plus pauvres qui paieront l’inflation», a-t-elle prévenu.

Comme son collègue du RN, l’élue insoumise  a dénoncé les sanctions énergétiques ayant augmenté les bénéfices de la Russie. «Dans ce contexte, comment ne pas s’interroger sur leur pertinence ? Quelle est l’efficacité des sanctions quand elles échappent à leur cible et se retournent contre nous ? Notre cible est le régime de l’oligarchie russe», a-t-elle martelé avant de conclure : «La guerre en Ukraine ne peut suffire d’argument pour mener une guerre sociale aux Français !» a-t-elle conclu. 

Un autre débat, à l’issue duquel aucun vote n’est prévu, aura lieu au Sénat le 26 octobre en présence de la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna. 




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