Deux personnes ont été tuées et 136 arrêtées lors de manifestations de musulmans après les remarques jugées insultantes d'une responsable politique sur la relation entre Mahomet et son épouse Aïcha, décrite comme une «fillette âgée de neuf ans».
En Inde, deux personnes ont été tuées par les forces de l’ordre le 10 juin lors de manifestations de musulmans contestant les propos sur Mahomet tenus par une responsable politique du parti du Premier ministre Narendra Modi.
La colère a en effet submergé le monde musulman depuis début juin, en raison de propos d’une porte-parole du parti du chef du gouvernement, qui a critiqué la relation entre le prophète et sa plus jeune épouse, Aïcha, lors d’un débat télévisé. Selon Courrier international, Nupur Sharma a blâmé la relation consommée entre Mahomet et cette «fillette âgée de neuf ans».
Après la prière du vendredi, des musulmans sont descendus en masse dans les rues de l’Inde et des pays voisins pour condamner ces propos, la police ouvrant le feu sur la foule dans la ville de Ranchi, dans l’est du pays. «La police a été forcée d’ouvrir le feu pour disperser les manifestants et certains ont été atteints par des balles, ce qui a conduit à la mort de deux personnes», a déclaré un policier, qui a requis l’anonymat, à l’AFP à Ranchi.
Selon les policiers, les manifestants ont défié leurs ordres de ne pas marcher d’une mosquée vers un marché et lancé des bouteilles cassées et des pierres lorsque la police a tenté de disperser le rassemblement. Les autorités ont coupé les connexions internet dans la ville et imposé un couvre-feu.
Des policiers attaqués
Dans l’Uttar Pradesh, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser au moins un rassemblement, plusieurs manifestations ayant eu lieu dans cet Etat du nord. La plupart des manifestations se sont terminées de manière pacifique, mais dans certaines villes, les manifestants ont jeté des pierres sur la police et blessé au moins un policier, a déclaré Avanish Awasthi, un secrétaire général du gouvernement de l’Etat.
«Nous prendrons des mesures strictes contre ceux qui jettent de pierres et se livrent à la violence», a-t-il déclaré à la presse. Prashant Kumar, un haut responsable de la police de l’Etat, a déclaré à l’AFP que jusqu’à 136 manifestants avaient été arrêtés dans six districts de l’Uttar Pradesh. Dans toute l’Inde, des manifestations importantes ont eu lieu le même jour, certaines foules brûlant des effigies de Nupur Sharma, la porte-parole du Bharatiya Janata Party (BJP) dont les commentaires ont déclenché la tempête.
Nupur Sharma suspendue de ses fonctions
Le BJP a suspendu la porte-parole de ses fonctions et publié une déclaration dans laquelle le parti insiste sur son respect de toutes les religions.
Nombre de musulmans indiens disent par ailleurs se sentir de plus en plus attaqués par le gouvernement de Narendra Modi. Selon le dernier recensement de 2011, la population indienne de plus de 1,3 milliard comptait 14,23% de musulmans et 79,80% d’hindous.
Les commentaires de Nupur Sharma ont créé des différends diplomatiques, les gouvernements de près de 20 pays musulmans ayant convoqué les ambassadeurs indiens pour obtenir des explications.
Au Bangladesh voisin, plus de 100 000 personnes ont participé à des manifestations le 10 juin, selon la police, alors que 5 000 autres personnes sont descendues dans les rues de la ville pakistanaise de Lahore à l’appel d’un parti religieux radical, demandant à leur gouvernement de prendre des mesures plus fermes contre l’Inde suite à la polémique.
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