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Information judiciaire ouverte sur les liens entre une ancienne ministre et un institut américain

Une information judiciaire a été ouverte concernant les liens de l'ancienne ministre des Armées d'Emmanuel Macron, Sylvie Goulard, et un institut américain sur des soupçons de corruption passive, prise illégale d'intérêts ou abus de confiance.

Une information judiciaire a été ouverte le 27 septembre à Paris sur le rôle de consultante auprès d’un institut américain de Sylvie Goulard, ancienne ministre devenue sous-gouverneur à la Banque de France, a indiqué le 2 décembre le Parquet national financier (PNF), confirmant une information de Libération. L’information judiciaire, déclenchée par une plainte de l’association Anticor, a été ouverte pour corruption passive, trafic d’influence passif, prise illégale d’intérêts et abus de confiance, a détaillé le PNF.

«Nous sommes très satisfaits que les choses avancent et nous attendons d’en savoir plus», a réagi auprès de l’AFP l’un des avocats d’Anticor, Me Jean-Baptiste Soufron. En juin dernier, l’association anti-corruption avait déposé une plainte avec constitution de partie civile qui permet d’obtenir quasiment systématiquement la saisine d’un juge d’instruction.

La Banque de France a annoncé le même jour dans un communiqué le départ de sa sous-gouverneur depuis 2018, également ex-eurodéputée et ministre des Armées d’Emmanuel Macron en 2017. La décision prendra effet le 5 décembre. Sylvie Goulard souhaitait «rejoindre le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui est son administration d’origine», selon le communiqué. Selon l’entourage de Sylvie Goulard, ce départ «n’a rien à voir avec l’enquête». «Ni Sylvie Goulard ni son avocat n’ont été informés du renouvellement de l’enquête», a-t-on précisé.

Sylvie Goulard toujours mise en examen dans l’enquête sur les assistants parlementaires des eurodéputés MoDem

Une première enquête préliminaire ouverte après une plainte simple d’Anticor en 2019 avait abouti à un classement sans suite du PNF en novembre 2020 pour «absence d’infraction», selon des éléments du dossier consultés par l’AFP. Dans sa plainte, l’association s’interroge sur la réalité du travail effectué par l’ancienne députée européenne pour l’Institut Berggruen, centre de réflexion basé en Californie, et sur les éventuelles contreparties en échange des rémunérations versées dans le cadre de ce contrat.

Le logo du parti MoDem, en 2016.

Soupçons d’emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés : le MoDem et l’UDF mis en examen

Sylvie Goulard avait reconnu avoir travaillé comme «conseillère spéciale» pour plus de 10 000 euros mensuels entre octobre 2013 et janvier 2016 auprès du Council for the Future of Europe, un groupe de réflexion créé par l’Institut Berggruen, alors qu’elle était eurodéputée. Sylvie Goulard avait assuré que cet emploi, autorisé par le règlement, avait été déclaré et qu’elle n’avait «aucune relation d’aucune sorte avec les activités commerciales» avec le fondateur de l’institut, le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen.

Lors d’une audition devant le Parlement européen, elle avait décrit un travail «avéré» : «de la réflexion, de l’animation de groupe, de l’organisation de réunions.» Son avocat n’a pas souhaité réagir. 

L’Institut Berggruen avait nié au moment du dépôt de la première plainte en 2019 tout emploi fictif, évoquant notamment l’organisation d’une «table ronde à Bruxelles» et de «conférences à Paris et Madrid». L’ancienne eurodéputée est par ailleurs mise en examen dans l’enquête sur les assistants parlementaires des eurodéputés MoDem.

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