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Le débat sur la réforme des retraites contestée arrive dans le chaudron de l’Assemblée

Un hémicycle comble et deux motions des oppositions : le débat sur la réforme des retraites est lancé à l'Assemblée nationale pour deux semaines à haut risque, sous la pression des opposants qui organisent deux nouvelles journées de mobilisation.

Le coup d’envoi des débats sur la controversée réforme des retraites sera donné ce 6 février à 16H00 pour cette bataille autour du report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ, réforme phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron, qui ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée. 

Le ministre du travail, Olivier Dussopt, le 23 janvier 2023. (Photo d'illustration)

En pleine réforme des retraites, Olivier Dussopt rattrapé par une affaire de «favoritisme»

Sur les bancs du gouvernement, le ministre du Travail Olivier Dussopt, fragilisé par des soupçons de «favoritisme» dans l’attribution d’un marché public lorsqu’il était maire d’Annonay, sera entouré de collègues de Bercy pour ce texte budgétaire. 

«Ce texte est nécessaire, juste, et je suis plus que jamais déterminé à le défendre», déclare le ministre dans Libération ce 6 février, promettant d’être «en pleine forme» pour les débats. 

A l’approche de deux journées d’action, les 7 et 11 février à l’appel de l’intersyndicale, le chef du gouvernement Elisabeth Borne était à l’Elysée ce 6 février pour sa réunion hebdomadaire avec le président de la République. La veille, elle a encore rappelé que le recul de l’âge légal représentait «un effort collectif», se disant soucieuse «d’assurer l’avenir de notre système de retraite par répartition».

«Mobilisation massive constatée»

Dans une micro concession de dernière minute, elle a annoncé que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, une extension du dispositif carrières longues.

Le député centriste Charles de Courson à l'Assemblée nationale en 2014 (image d'illustration).

Un député centriste appelle les parlementaires à donner l’exemple en renonçant à leur régime spécial

Ce geste sera-t-il suffisant pour obtenir les voix, cruciales, de la droite ? Non pour Aurélien Pradié, notamment, qui pointe une «tromperie» et demande d’aller plus loin pour ceux qui ont commencé à cotiser tôt. 

Toutefois le président du groupe Olivier Marleix lui rétorque ce 6 février dans le Figaro que les Républicains n’avaient pas «demandé de modifier les règles d’accès aux carrières longues». Quant à son homologue au groupe Renaissance, Aurore Bergé, elle a opposé sur France Info une fin de non recevoir: «C’est pas parce que j’ai bossé quatre cinq semaines l’été que je suis dans les mêmes conditions que celui qui a commencé à travailler à 20 ans sans discontinuer», a-t-elle fait valoir. 

Côté syndicats, l’effort d’Elisabeth Borne n’a pas convaincu : c’est une «rustine» qui n’est «pas la réponse» attendue «à la mobilisation massive constatée», a dénoncé Laurent Berger, le patron de la CFDT. Déjà deux journées de grève et de manifestations, les 19 et 31 janvier, ont réuni chaque fois plus d’un million de manifestants selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs. 

«On compte sur le fait qu’il y ait des mobilisations pour que les élus de la République prennent en compte l’avis des citoyens», a déclaré ce 6 février sur France 2 le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

«Projet contre projet»

Alors que les vacances scolaires ont commencé cette semaine pour la zone A, le trafic sera fortement perturbé le 7 février à la SNCF et la RATP. Le ministre des Transports Clément Beaune a appelé sur LCI «les organisations syndicales à la responsabilité» pour la journée de samedi 11 février qui marquera le départ en vacances de la zone B. 

Philippe Martinez lors de la manifestation contre la réforme des retraites à Paris le 31 janvier 2023.

Retraites : Martinez accuse l’exécutif de «jouer le bras de fer» et promet de durcir le mouvement

Le 6 février au Palais Bourbon, les députés LFI défendront d’emblée une demande de rejet de l’ensemble de la réforme, «brutale» et «injuste». Le vote sur leur motion pourrait donner quelques sueurs froides au camp présidentiel. Puis le groupe RN, également contre les 64 ans, portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a peu de chances d’être validée. 

Les députés s’attelleront ensuite aux quelque 20 000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13 000 par LFI. Elisabeth Borne avait dit espérer «un vrai débat, projet contre projet» plutôt que des «caricatures».

Ce flux d’amendements «permet de gérer un peu le tempo, accélérer, ralentir» au lieu de se laisser dicter le rythme, oppose l’Insoumis François Ruffin qui veut avec la Nupes pouvoir relayer dans l’hémicycle «la vie des gens», «la France du réel».

Si l’Assemblée ne vient pas à bout des amendements d’ici le 17 février minuit, le texte passera au Sénat, du fait du choix de l’exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécurité sociale. 

Ce temps contraint est vivement critiqué par les oppositions qui comptent néanmoins parvenir à discuter de l’article 7 consacré au report de l’âge de la retraite. 

Les autres points chauds du texte se concentrent autour de la situation des femmes, qui pourraient être perdantes avec le recul de l’âge de départ, la pénibilité ou encore l’emploi des seniors.

Réforme des retraites : affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Paris (VIDEO)

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