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«Les mensonges du russiagate» : dernier épisode en date des Twitter files

Dans le dernier épisode de la saga des Twitter files, on apprend comment les équipes du réseau social ont dû composer avec une campagne démocrate visant à attribuer à la Russie une ingérence dans la politique intérieure américaine en 2018.

La dernière salve de révélations de la série des Twitter Files a été mise en ligne le 12 janvier. Son intitulé : «Les mensonges du russiagate.» 

Le journaliste américain Matt Taibbi y met en lumière le malaise traversé début 2018 par une partie des équipes de Twitter face aux efforts répétés du camp démocrate pour appuyer la thèse d’une prétendue ingérence russe sur le réseau social, notamment en accusant la Russie d’avoir considérablement amplifié certains épisodes relevant de la vie politique américaine.

Twitter n’a pas trouvé comment prouver une influence significative de la Russie sur sa plateforme

Le président américain Donald Trump.

«Collusion russe» : le mythe s’effondre, série de victoires majeures pour Trump

En janvier 2018 aux Etats-Unis, la campagne sur «l’ingérence russe» bat son plein. Tandis que, depuis la défaite d’Hillary Clinton, le camp démocrate s’acharne à dénoncer une pseudo-collusion entre l’équipe de campagne Donald Trump et Moscou, les diverses plateformes de partage de contenus politiques sont à l’époque particulièrement attentives à ce sujet.

C’est dans ce contexte que, comme le montrent divers documents présentés par Matt Taibbi dans son dernier fil de publications, les équipes de Twitter expliquent ne pas avoir réussi à identifier une activité significative liée à la Russie en ce qui concerne l’amplification de certains mots clés portant sur la vie démocratique américaine.

Les responsables de Twitter étaient consternés, ne trouvant aucune preuve d’influence russe

«Les responsables de Twitter étaient consternés, ne trouvant aucune preuve d’influence russe», explique le journaliste américain, s’appuyant sur des échanges internes à Twitter. «Nous nourrissons des trolls du Congrès», peut-on par exemple lire dans un des documents révélés par Matt Taibbi.

«Twitter a averti les hommes politiques et les médias non seulement sur le fait qu’ils manquaient de preuves, mais qu’ils avaient des preuves que les comptes n’étaient pas russes», rapporte également le journaliste américain au sujet de l’hypothétique existence sur le réseau social d’une campagne d’influence massive orchestrée par la Russie.

Twitter sceptique face aux démarches de certaines entités américaines

Durant cette période, les équipes de Twitter semblent développer une méfiance à l’égard de certaines entités telles que l’Alliance pour la sécurisation de la démocratie (ASD), groupe formé en juillet 2017 par d’anciens hauts responsables de l’administration américaine qui revendiquent la mission de contrer l’influence russe aux Etats-Unis et en Europe. La structure a notamment mis en place l’outil Hamilton 68, dédié au réseau social Twitter, et avec lequel l’ASD prétend être en mesure d’évaluer en temps réel l’influence de la Russie sur la plateforme.

«Je vous encourage à être sceptique quant aux interprétations de Hamilton 68 au sujet [d’une présumée campagne russe sur Twitter], qui, pour autant que je sache, est la seule source de ces histoires […]. C’est un coup de communication pour ASD», écrit à ce sujet le 23 janvier 2018 à ses collègues Emily Horne, alors responsable de la communication politique mondiale de Twitter.

«Hamilton 68 ne publie pas les comptes qui composent son tableau de bord, de sorte que personne ne peut vérifier qu'[il s’agit de] comptes automatisés russes», explique-t-elle également à ses collègues, soulignant qu’il était «extraordinairement difficile», pour des entités extérieures à Twitter et n’ayant donc pas accès à l’interface logicielle de la plateforme, d’avoir autant de certitudes que celles avancées par l’ASD.

«Tout ce tumulte se base sur Hamilton», estime également à cette époque Yoel Roth, alors chef de la sécurité du réseau social.

Il apparaît par exemple que de nombreuses publications et interactions contenant le hashtag «#ReleaseTheMemo» alors présentées par l’ASD comme faisant partie d’une vaste campagne de déstabilisation anti-démocrate organisée par la Russie, sont en fait, selon les équipes de Twitter, liées à l’activité de comptes occidentaux très importants, n’ayant pas de lien avec Moscou. C’est du moins ce que montre un des documents internes présentés par Matt Taibbi.

Twitter a-t-il fini par suivre «un schéma servile» ?

Les hauts responsables de Twitter semblent donc avoir émis des réserves face aux tentatives politiques d’influencer leur travail dans le domaine de la lutte contre les ingérences étrangères. Or, ils auraient malgré cela adopté, au fur et à mesure, une position plutôt conciliante vis-à-vis des acteurs désignant la Russie comme une puissance déstabilisatrice dans le jeu démocratique américain.

Par exemple, certains documents montrent que les responsables de Twitter ont critiqué en interne le comportement insistant du sénateur démocrate Richard Blumenthal, comparant ses multiples sollicitations au personnage d’un livre pour enfant, qui multiplie ses réclamations au fil de ce qu’il obtient. « Si vous donnez un cookie à une souris…», peut-on lire dans le courriel interne en question.

Mais, «malgré la conviction interne universelle qu’il n’y avait pas de Russes dans l’histoire, Twitter a continué à suivre un schéma servile consistant à ne pas contester officiellement les affirmations [relatives à] la Russie», note Matt Taibbi, selon qui cette position aurait finalement permis à certaines thèses infondées d’imprégner le paysage médiatique américain.

Pour rappel, l’enquête des «Twitter files» se base sur des documents internes au réseau social, qui ont été rendus publics par Elon Musk après son arrivée à la tête de l’entreprise.

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