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«Méthodes d’outre-Atlantique» : les résultats de l’élection du premier secrétaire du PS contestés

Opposés au second tour pour prendre la tête du parti, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol ont revendiqué tour à tour la victoire en s'accusant réciproquement d'irrégularités, voire de violences à l'encontre de militants lors du vote.

Un chaos tout sauf fraternel : au lendemain de l’élection pour le poste de premier secrétaire du Parti socialiste organisée le 19 janvier, le sortant Olivier Faure et son adversaire Nicolas Mayer-Rossignol ont chacun affirmé avoir remporté le scrutin, sur fond de suspicions d’irrégularités et d’intimidations, voire de violences, qui auraient été commises contre des adhérents et militants.

Deux vainqueurs simultanés ?

Chaque camp s’est ainsi proclamé vainqueur aux alentours de 1h30 du matin, le maire de Rouen ouvrant le bal en annonçant sa victoire à la presse, suivi quelques minutes plus tard par Olivier Faure «Nous avons remporté ce résultat à hauteur de 53,47% des voix sur 90% des dépouillés», a ainsi déclaré l’élu normand, affirmant que l’écart avec son concurrent n’était «plus rattrapable».

De l’autre côté, les militants «ont exprimé ce soir, par un vote clair, leur volonté de poursuivre le rassemblement de la gauche et des écologistes en me renouvelant leur confiance», a assuré Olivier Faure sur YouTube, évoquant sa volonté de maintenir le PS dans la Nupes, son adversaire étant nettement plus réservé sur la coalition dominée par la France insoumise.

L'ancien président de la République François Hollande en novembre 2021 (image d'illustration).

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«Vous nous avez fait confiance en nous plaçant en tête du scrutin», a ensuite répliqué dans la foulée l’élu normand dans une courte vidéo postée sur Twitter. En guise d’explication pour une telle différence, leurs entourages respectifs ont multiplié dès avant minuit les accusations réciproques de triche organisée. Parmi elles, des surveillants de scrutin non autorisés à entrer dans des bureaux de vote, des bourrages d’urnes ou encore une agression physique de militants à Elbeuf (Seine-Maritime), motivant des recours et des demandes d’annulation du vote dans plusieurs sections.

Le maire de Rouen a en particulier ciblé Liévin (Pas-de-Calais) où, selon lui, des policiers municipaux ont vidé la salle, ainsi que Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Dans une vidéo publiée par Philippe Doucet, membre du conseil national du parti, on entend ainsi une représentante de Nicolas Mayer-Rossignol contester la méthode de vote dans le bureau de la Courneuve, une urne semblant avoir été placée dans une pièce fermée, ce que la militante conteste à plusieurs reprises. La section concernée a réagi dans un communiqué le 20 janvier, contestant toute irrégularité et incriminant «l’agressivité» de l’intéressée.

Le mandataire d’Olivier Faure Pierre Jouvet a quant à lui dénoncé une «déstabilisation inadmissible» de la part du camp adverse, et «des méthodes qu’on a trop vues outre-Atlantique», dans une allusion à la contestation par Donald Trump de sa défaite à la présidentielle américaine de 2020.

Tentative de putsch

La situation ne s’est aucunement éclaircie le 20 janvier : selon la direction sortante, Olivier Faure a bien été reconduit de justesse à la tête du parti après avoir remporté le scrutin interne avec 50,83% des suffrages, contre 49,17% pour son rival, avec moins de 400 voix d’avance.

Nicolas Mayer-Rossignol a cependant revendiqué à nouveau la victoire avec 50,5% des suffrages. Sur la base «d’irrégularités graves et manifestes», il a demandé à ce que la commission de récolement se réunisse pour vérifier les résultats. «Le choix des militants doit être respecté, l’unité du parti socialiste préservée», a-t-il lancé, en appelant «à l’apaisement et au rassemblement». 

D’après les soutiens du maire de Rouen, fort remontés, la direction sortante (ou réélue) refuse de réunir la commission de vérification électorale. «Si Olivier Faure était vraiment sûr de sa victoire, pourquoi refuser que la commission de récolement examine les résultats ? Tout ceci n’est pas net…», a par exemple lancé Nicolas Gaborit, membre des instances du parti.

Pour le vice-président du conseil régional d’Occitanie Kamel Chibli, il ne s’agit pas moins que d’une «tentative de putsch de la direction». Celle-ci «refuse le verdict des urnes» et adopte un fonctionnement «digne d’une République bananière», a attaqué l’élu local. 

«Olivier Faure est incapable de rassembler les militants de son parti, incapable d’organiser un scrutin impartial, incapable d’être transparent sur les résultats», a énuméré le maire de Montpellier Michaël Delafosse sous forme de réquisitoire, l’accusant de perdre à la fois démocratiquement et «moralement».

Le vainqueur doit être officiellement intronisé lors d’un congrès, le dernier week-end de janvier, à Marseille. Le résultat pourrait avoir des conséquences sur l’avenir de la Nupes, Olivier Faure mettant en avant le fait que cette alliance a permis au PS de garder un groupe de trente-deux députés à l’Assemblée nationale, malgré le score calamiteux de la candidate du parti Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7 % des voix au premier tour).  L’intégration du PS à la Nupes a néanmoins profondément divisé les socialistes : Nicolas Mayer-Rossignol a exprimé ses réticences vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon, recueillant le soutien de la troisième candidate éliminée au premier tour, Hélène Geoffroy, très hostile à la Nupes.

Le PS s’était déjà déchiré de la sorte lors du congrès de Reims en 2008, lorsque Martine Aubry avait affronté Ségolène Royal : les deux camps avaient évoqué de possibles tricheries, avant que la première ne s’impose avec une centaine de voix d’avance sur la seconde.

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