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Pérou : quatrième refus du Parlement pour avancer les élections, les manifestations continuent

Pour la quatrième fois depuis décembre, le Congrès rejette un projet de loi visant à avancer les élections et à organiser un référendum sur une assemblée constituante, comme le demandent les manifestants mobilisés depuis la destitution de Castillo.

Le Parlement péruvien a rejeté le 2 février une nouvelle proposition visant à avancer les élections à la fin 2023 et prévoyant aussi la tenue d’un référendum sur une assemblée constituante dans l’espoir de calmer l’actuelle vague de manifestations.

Des manifestants s'opposent aux forces de l'ordre à Lima au Pérou, le 28 janvier.

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Le projet de loi, présenté par le parti de gauche Peru Libre, a été rejeté par 75 députés, tandis que 48 ont voté pour et deux se sont abstenus. «La réforme n’a pas atteint le nombre de voix […] par conséquent le projet de loi n’a pas été approuvé», a déclaré José Williams, président du Congrès, après un débat qui a duré un peu plus de quatre heures.

Suite à ce quatrième rejet, le parlementaire Jaime Quito, auteur de la proposition, a déclaré : «le Congrès doit fermer. Ce qui va se passer, c’est que Dina Boluarte devra démissionner». Une demande répétée par les manifestants, pour la plupart originaires de la région andine, qui sont à nouveau descendus dans les rues de la capitale Lima le 2 février. Sur la place Dos de Mayo, des centaines de personnes ont défilé pour demander la démission de la présidente Boluarte et le retour de l’ancien président Pedro Castillo.

«Responsabilité historique»

«Qu’elle démissionne le plus vite possible, et qu’il y ait des élections le plus vite possible», a déclaré Marie Yucra, une céramiste de 30 ans venue du district de José Domingo de Choquehuanca à Puno (Sud).

Les manifestants s’en sont également pris aux «vendus de la presse» et montrent leur méfiance à l’égard des journalistes en général, car ils considèrent que leur couverture des évènements favorise le gouvernement péruvien. Dans la matinée, des dizaines d’autres personnes se sont rassemblées devant le siège des principales chaînes de télévision privées du pays pour exprimer leur mécontentement.

Des femmes de la communauté aymara du sud-est du Pérou, certaines accompagnées de bébés, ont scandé des slogans contre la police.

La contestation a déjà fait 48 morts en sept semaines.

C’est la quatrième fois depuis décembre que le Congrès rejette un projet de loi visant à avancer le scrutin prévu en avril 2024. Le 1er février, après le troisième rejet, la présidence avait «immédiatement» présenté une nouvelle initiative visant à organiser des élections en octobre de cette année.

Les troubles ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Sa vice-présidente Dina Boluarte l’a remplacé début décembre, en vue de terminer le mandat de son prédécesseur jusqu’en 2026. En décembre, le Congrès avait avancé les élections à avril 2024, mais la présidence insiste pour que l’organe législatif avance le scrutin à cette année, espérant ainsi calmer la contestation. Elle exclut en revanche de quitter la présidence, car elle a affirmé que son départ signifierait laisser place au «désordre et à la crise», rapporte le média péruvien, la Republica.

Le 29 janvier, Dina Boluarte avait tenté de mettre la pression sur le Parlement, parlant de «responsabilité historique». Mais le Parlement est divisé en plus de dix forces politiques, sans compter les indépendants. Aucun parti n’a la majorité absolue et chaque vote doit faire l’objet de négociations et d’alliances. La gauche, qui a voté contre les élections anticipées, veut associer tout nouveau scrutin à un référendum sur une nouvelle Constitution, mais cette question est un des principaux points de discorde au sein du Parlement.

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