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Quinze jours après sa rencontre avec Macron, Musk tacle l’un de ses ministres

Les échanges entre Elon Musk et les pays européens ne sont plus à fleurets mouchetés. Après que Jean-Noël Barrot, ministre français du Numérique, a menacé de bannir Twitter de l’UE, le patron du réseau social s’est fendu d’une réponse cinglante.

«La transparence renforce la confiance… », a tweeté Elon Musk le 29 mai. Une phrase finalement peu sibylline quand on observe la photo qui l’accompagne. On y voit une cuvette de toilettes en Plexiglas accompagnée d’un sobre «on voit bien mieux la m*** maintenant».

Dernier épisode du bras de fer qui oppose l’Union européenne et la France au patron de Tesla, la saillie de ce dernier laisse peu de place au doute quant aux sentiments que lui inspirent les menaces de Jean-Noël Barrot. Sur la même ligne que le commissaire européen Thierry Breton, le ministre français délégué au Numérique a clairement visé le réseau social à l’oiseau bleu : «Twitter, s’il ne se conforme pas à nos règles, sera banni, en cas de récidive, de l’Union européenne», avait-il lancé le 29 mai au micro de France Info.

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Twitter ne limite plus l’audience des médias «affiliés à un Etat», comme pour la Russie et la Chine

Le membre du gouvernement Borne réagissait à la sortie officielle de Twitter du code de bonnes pratiques de l’Union européenne contre la désinformation en ligne, annoncée le 26 mai par Thierry Breton. Le commissaire européen à l’Industrie n’avait guère caché son mécontentement. «Vous pouvez fuir, mais pas vous cacher», avait-il tweeté, ajoutant que « a lutte contre la désinformation sera une obligation légale en vertu de la DSA à partir du 25 août», faisant référence au Digital Service Act, le règlement européen sur les services numériques. «Nos équipes seront prêtes à faire respecter la loi», concluait le fonctionnaire européen, sur un ton de menace à peine voilée.

Lancé en 2018 et renforcé en 2022, le code de bonnes pratiques comprend «44 engagements et 128 mesures spécifiques» visant à lutter contre les fake news. Parmi eux, les quelque 40 signataires volontaires (dont Meta, Google, Microsoft ou TikTok) s’engagent à collaborer avec les fact-checkers et à priver de publicité les «fournisseurs de désinformation». Le dispositif s’est doté d’un «centre de transparence» pour tenir le public informé des progrès réalisés par les signataires dans l’application de cet arsenal.

Twitter «sera banni en cas de récidive»

Partisan d’une plus grande liberté d’expression, Elon Musk avait assoupli les règles de modération de Twitter après son rachat en octobre 2022. «L’oiseau est libre», avait gazouillé son nouveau dirigeant le 28 octobre 2022. «En Europe, l’oiseau volera selon nos règles européennes», avait rétorqué Thierry Breton le même jour. Depuis, les deux hommes – et leurs organisations respectives – sont à couteaux tirés. «Twitter devra mettre en œuvre des politiques d’utilisation transparentes, renforcer sensiblement la modération des contenus, protéger la liberté d’expression, s’attaquer à la désinformation et limiter la publicité ciblée», avait ainsi énuméré l’eurocrate en novembre 2022. En cas d’infraction, le DSA prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires.

En rappelant qu’une nouvelle loi allait s’appliquer sur le territoire de l’UE, le commissaire européen entendait clore définitivement cette querelle et signifier au patron de SpaceX que son geste avait peu de portée, le code «volontaire» étant remplacé par une loi contraignante.
Une ligne qu’a donc fermement soutenue Jean-Noël Barrot le 29 mai, enfonçant le clou : «S’agissant de la lutte contre la désinformation, Twitter est sur une pente glissante. A partir du 25 août prochain, les règles que la France a fait adopter en Europe s’appliqueront et Twitter devra se conformer et lutter activement contre la désinformation, sans quoi Twitter ne sera pas le bienvenu en Europe.»

Musk joue l’escalade

«Nous ne pouvons pas prendre le risque qu’un réseau social tel que Twitter se laisse prendre en otage par les partisans de la désinformation et que, par conséquent, notre débat public, notre démocratie, soient affectés», s’est-il expliqué.

Fort de sa communauté européenne (16,1 millions d’utilisateurs actifs rien qu’en France), le célèbre milliardaire semble décidé à jouer l’épreuve de force jusqu’au bout pour défendre une conception de la liberté d’expression avec le moins de filtres possible. Ira-t-il jusqu’au bout ? Il a déjà cédé à des demandes gouvernementales, le quotidien espagnol El Paìs ayant révélé le 24 mai dernier que le réseau social à l’oiseau bleu avait banni des comptes critiques vis-à-vis des pouvoirs en place en Turquie et en Inde.

Cette passe d’armes par médias et réseaux sociaux interposés intervient deux semaines après la rencontre entre Elon Musk et Emmanuel Macron, en marge du sommet Choose France, durant lequel le président de la République avait convié 200 patrons étrangers pour les convaincre d’investir en France. L’homme qui a déboursé 44 milliards de dollars pour s’offrir un réseau social s’était publiquement déclaré « très impressionné par le président Macron et le gouvernement français ». Il est vrai qu’il intervenait en tant qu’industriel, dirigeant de Tesla, et non comme patron de Twitter.

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