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«Recasage», «copinage sans vergogne»: l’opposition irritée par la nomination de Castex à la RATP

L'ancien Premier ministre Jean Castex, déjà président du conseil d'administration de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France), a été choisi par Emmanuel Macron pour prendre la tête de la RATP.

Emmanuel Macron a choisi ce 19 octobre son ancien Premier ministre Jean Castex pour devenir le président-directeur général de la RATP, la régie des transports d’Ile-de-France, une décision qui doit être entérinée par les commissions parlementaires compétentes. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique avait rendu la veille un avis favorable mais assorti de réserves à ce projet de nomination, cinq mois après le départ de Jean Castex de Matignon.

«Recasage» : L'ancienne ministre Wargon à la tête de la Commission de régulation de l'énergie


«Recasage» : L’ancienne ministre Wargon à la tête de la Commission de régulation de l’énergie

Ces réserves ont été émises au titre des fonctions passées de Jean Castex, dans le cadre de «l’ouverture à la concurrence des transports publics en Ile-de-France», des premiers appels d’offres étant prévus dans ce cadre dès 2023. L’ancien chef du gouvernement devra ainsi, pour une durée de trois ans «s’abstenir de toute démarche, y compris de représentation d’intérêts», auprès de ceux de ses anciens ministres toujours en poste, ou auprès des «services qui étaient placés sous son autorité directe ». L’annonce de l’Elysée vient confirmer l’information dévoilée la veille par plusieurs sources, dont Le Figaro et le site Mobilettre.

La régie des transports parisiens était orpheline de sa PDG Catherine Guillouard, démissionnaire après cinq ans de mandat, et de son numéro deux, Philippe Martin, parti en retraite le 30 septembre dernier. Selon Mobilettre, Jean Castex, qui lorgnait initialement la SNCF actuellement dirigée par Jean-Pierre Farandou, aurait rencontré «ce week-end» le président Emmanuel Macron qui aurait alors donné son feu vert.

Pratique dérogatoire au processus de recrutement habituel

«En tant que Premier ministre, Jean Castex a rendu plusieurs arbitrages relatifs au contexte institutionnel dans lequel la RATP va évoluer […] ou sur la confirmation du monopole du GPSR [le service de sûreté maison de la RATP] sur les lignes du Grand Paris Express», avait relevé la publication spécialisée.

«Outre cette lourde hypothèque relative à la présomption de conflit d’intérêt, la mise sur orbite de Jean Castex ressortirait d’une pratique dérogatoire au processus de recrutement mis en place par l’APE [Agence des participations de l’Etat] depuis un mois, à savoir l’audition par le cabinet Jouve & Associés des nombreux candidats et candidates», avait-elle ajouté.

Agé de 57 ans, l’ancien chef du gouvernement du 3 juillet 2020 au 16 mai 2022 est diplômé de l’ENA. Gersois d’origine, il a également été maire de Prades (Pyrénées-Orientales).

La RATP, qui gère 330 lignes en Ile-de-France et transporte plus de trois millions de passagers par jour via son réseau de bus, connaît actuellement toutes les peines du monde pour maintenir un service complet, sur fond de difficultés de recrutement ou d’ouverture à la concurrence.

De gauche à droite, les critiques fusent

Une source syndicale contactée par l’AFP voit elle d’un mauvais œil cette arrivée de «quelqu’un qui ne connaît rien au transport» en dépit d’un intérêt affiché et «considère qu’il n’y a pas de différence entre un conducteur de bus de Paris et celui de Clermont-Ferrand».

«Encore une retraite dorée en Macronie», a déploré la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, énumérant les précédents d’Agnès Buzyn à la Cour des comptes, de Jean-Michel Blanquer à Assas, de Brigitte Bourguignon à l’Inspection des affaires sociales et d’Emmanuelle Wargon à la Commission de régulation de l’énergie. Après eux, «c’est au tour de Jean Castex d’être recasé à la RATP», a-t-elle complété, ajoutant : «Merci qui ?»

«Stop au recasage, oui au service public !», a dénoncé en réaction le député de La France insoumise et cheminot Thomas Portes par le biais d’un communiqué.

Le président des Patriotes Florian Philippot critique également un «recasage» et considère que la photo de Jean Castex prise dans un métro il y a quelques semaines, «était donc un pur plan com’ comme dab ! Intégralement bidon».

Pour le député du Rassemblement national Nicolas Meizonnet, «en Macronie, la méritocratie républicaine a été remplacée par un copinage sans vergogne». «Est-il récompensé pour tous les mensonges qu’il a prononcés pendant la crise sanitaire ?», questionne l’élu du Gard.

Le sénateur Les Républicains Alain Houpert constate que «trouver du boulot en traversant la rue, [c’est] oui quand on vient de la Macronie qui transforme le pays en usine à recycler les échoués de son parti et de son gouvernement».

La conseillère écologiste (EELV) de Paris, Raphaëlle Rémy-Leleu a pour sa part ironisé : «Réjouissez-vous, ça aurait pu être Lallement [ancien préfet de police].»




Jean Castex nommé à la tête de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France


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