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Sevran : le policier ayant tué un automobiliste mis en examen pour «violences volontaires»

Le parquet de Bobigny a annoncé le 2 avril que le policier auteur d'un tir ayant causé la mort d'un d'un automobiliste à Sevran, a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner».

Le policier dont le tir a causé la mort d’un automobiliste lors d’un contrôle il y a une semaine à Sevran (Seine-Saint-Denis) a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner», a annoncé ce 2 avril le parquet de Bobigny. 

Les juges d’instruction chargés du dossier avaient demandé son incarcération mais le juge des libertés et de la détention l’a, ainsi que requis par le procureur, placé sous un contrôle judiciaire assorti notamment d’une interdiction d’exercer une activité de police, a précisé le parquet.

Lors de sa garde à vue, le policier a affirmé avoir été «déséquilibré» lors du contrôle du véhicule de la victime, a ajouté «s’être senti en état de légitime défense» et «avoir fait feu pour cette raison», avait détaillé le 1er avril le procureur de Bobigny Eric Mathais lors d’une conférence de presse.

«La chronologie exacte de cet enchaînement très rapide n’est pas encore parfaitement établie»

La mort de Jean-Paul, originaire de la cité des Beaudottes à Sevran, a causé plusieurs nuits de violences dans sa ville et les communes limitrophes d’Aulnay et Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Elle est intervenue le 26 mars peu après midi, lorsqu’une équipe de policiers de la BAC a voulu contrôler la fourgonnette signalée volée conduite par la victime.

Un brigadier est descendu seul de la voiture de police banalisée qui était bloquée dans le trafic routier, selon les témoignages des trois autres fonctionnaires de police présents sur les lieux et les images de vidéosurveillance, a précisé le procureur de Bobigny. Le fonctionnaire a déclaré «s’être placé au niveau de la vitre conducteur, avoir levé son arme en criant “police !” et disait avoir tenté à plusieurs reprises d’ouvrir la portière qui était verrouillée». «Il voyait le conducteur enclencher une vitesse et accélérer fortement», a relaté son Eric Mathais. «A ce stade de l’enquête, la chronologie exacte de cet enchaînement très rapide n’est pas encore parfaitement établie», a insisté le procureur.

Barricades et incendies ont émaillé une nuit de violences à Sevran et Aulnay-sous-Bois


Barricades et incendies ont émaillé une nuit de violences à Sevran et Aulnay-sous-Bois

Grièvement blessé à l’omoplate par un tir du policier, le chauffeur est mort quelques heures après son admission à l’hôpital. L’autopsie a confirmé que le tir était à l’origine du décès. Sur place, un étui percuté de calibre 9 mm a été retrouvé. La balle a traversé la carrosserie et le dossier du siège de la victime.

Pour Maître Arié Alimi, un des avocats de la famille, «le policier n’a aucune raison de tirer, il n’y pas de mise en danger et ne porte pas de brassard police». «On se demande, si la victime avait été blanche, est-ce que le policier aurait tiré ?», s’interroge l’avocat. Selon les récits d’habitants, la victime était un chauffeur livreur indépendant qui travaillait avec un prestataire de livraison de colis et avec qui il avait un litige.

Les avocats de la famille ont affirmé que la fourgonnette «n’était pas volée» et qu’«il y avait un différend avec la personne pour qui il travaillait qui refusait de le payer et qu’il a gardé la fourgonnette en attendant d’être payé». 

Marche blanche et appel au calme

Plusieurs centaines de personnes ont participé samedi à une marche blanche entre Aulnay-sous-Bois et Sevran en mémoire au chauffeur livreur. 

Avant le départ du cortège au pied de la cité du Gros-Saule à Aulnay-sous-Bois où résident les parents de la victime, la compagne de Jean-Paul a appelé «au calme» et demandé en larmes «le respect de sa mémoire», lors d’une brève prise de parole. Selon l’AFP, les caméras des journalistes n’étaient pas les bienvenues dans les rangs du cortège et certains médias se sont fait expulser par des jeunes du quartier.

La famille n’a pas souhaité d’images par «crainte de représailles de la part de policiers», a déclaré Maître Arié Alimi. 

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