Chroniques

«Un gaspillage de ressources» : comment recycler les déchets électroniques ?

À partir du 1er janvier 2024, la Russie a modifié les normes de traitement des déchets, le gouvernement ayant décidé d'ajouter près de 800 articles à la liste des déchets destinés au recyclage. Il s’agit notamment des appareils électroniques, qu’il ne faut désormais plus jeter aux ordures.

Cet article a été initialement publié par RT en langue russe par Nadejda Alexeïeva et Ekatérina Kiïko

À partir du 1er janvier, de nouvelles règles de gestion des déchets sont entrées en vigueur en Russie. Le gouvernement a ajouté sur la liste des déchets destinés au recyclage 780 nouveaux articles, dont des matériaux de construction, des produits textiles, mais aussi des équipements électroniques.

Natalia Slioussar, professeur au Département de la protection de l’environnement au sein de l’Université polytechnique nationale de recherche de Perm, interviewée par RT, explique que ce sont surtout les batteries, les cartes et les circuits imprimés qui présentent un danger particulier pour l’environnement. Mais ce n’est pas tout : outre les dégâts écologiques, jeter les équipements électroniques et électroménagers signifie aussi gaspiller des ressources et des matériaux précieux qui pourraient être réutilisés, explique l’expert.

Pour commencer, à quel point est importante la part des équipements électroménagers et électroniques dans le volume total des déchets ?

Déchets dangereux

D’après les enseignes commerciales, ces dernières années la consommation de produits électroménagers et électroniques en Russie a été de 12,5 kilogrammes per capita, dont environ 11 à 12 kilogrammes se transforment en déchets. La plupart sont des appareils électroménagers de grande taille comme des machines à laver, des aspirateurs, des appareils de chauffage et ainsi de suite. Ils sont partiellement recyclés, mais selon la société Opérateur écologique russe, près de 1,5 million de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont produits chaque année en Russie, dont seulement 5 % sont recyclés.

Ainsi, les recherches menées par le Département de la protection de l’environnement de l’Université polytechnique de Perm ont démontré que dans la région de Perm, chaque personne jette à la poubelle de 1 à 1,5 kilogramme de déchets électroniques. Il s’agit le plus souvent de petits équipements qui sont ensuite envoyés dans des sites d’enfouissement pour les déchets urbains solides. Les gros équipements sont stockés séparément dans d’autres conteneurs, et le chiffre pour la région est inconnu.

Les gens utilisent de plus en plus de produits électroniques, ce qui entraîne la hausse du volume des DEEE, d’autant plus que la durée d’usage des smartphones et autres petits équipements électroménagers se réduit.

Pourquoi ne faut-il pas jeter les produits électroniques avec les déchets ménagers ?

Les produits électroniques sont des déchets difficiles à désassembler et à traiter. Ils comportent des métaux, ferreux et non-ferreux, des plastiques et des verres qui ne se décomposent pratiquement pas. Dans les conditions ordinaires, ceux-ci ne nuisent pas à l’environnement, mais exposés à la chaleur, au froid et à l’humidité à la décharge, ils subissent des processus chimiques : les métaux dans les circuits et les cartes s’oxydent et émettent des substances toxiques.

Les batteries de smartphones, d’ordinateurs portables, et de caméras, présentent, quant à elles, un risque élevé (pour l’environnement).

Cela dit, les produits électroniques dans leur majorité présentent toutefois un faible risque pour l’environnement. Parmi les produits à risque moyen : certains types de cartouches, les téléphones portables. Les batteries de smartphones, d’ordinateurs portables, et de caméras, présentent, quant à elles, un risque élevé. Aujourd’hui, les batteries les plus utilisées sont des batteries lithium-ion et lithium-polymère qui contiennent du cadmium, du chrome, du plomb et du lithium, nuisibles pour la santé et pour l’environnement si l’accumulateur se retrouve dans une décharge publique.

Beaucoup savent déjà qu’il ne faut pas jeter les piles et les batteries, il existe de nombreux points de collecte de piles usées. Quel sera leur impact écologique si elles se retrouvent dans la nature ?

Effectivement, les piles salines (ou au carbone-zinc) présentent, elles aussi, un risque élevé pour l’environnement. Pour augmenter leur résistance à la corrosion, les producteurs y ajoutent du cadmium et du plomb. Les piles de ce type n’ont généralement pas de marquage spécial, on les utilise dans les télécommandes, les montres, les balances, les thermomètres électroniques. Les piles alcalines du même niveau de danger (marquées L) ont une puissance plus élevée, et sont utilisées dans les appareils photo, les baladeurs, les souris pour PC et les téléphones portables.

En se décomposant, les piles alcaline émettent, elles aussi, des gaz toxiques.

En se décomposant, elles émettent, elles aussi, des gaz toxiques capables de nuire à l’écosystème une fois dans le sol et dans l’eau. Certes, il existe des sites de déchets munis de systèmes spéciaux de protection qui empêchent les substances toxiques de s’échapper au-delà du périmètre. Cela permet de minimiser les dommages à l’environnement. Cependant, tous les sites dans le monde ne jouissent pas de tels systèmes. Un autre élément également important : en jetant des produits électroniques, on perd des matériaux très précieux.

Quels composants électroniques présentent en général un plus grand intérêt pour une réutilisation ?

Tout produit électronique qui se transformera tôt ou tard en déchet contient notamment des métaux précieux (or, argent, platine), des terres rares (ruthénium), des métaux critiques (lithium, palladium), et des métaux non-ferreux (cuivre, aluminium). Depuis 2017, la Russie interdit l’enfouissement de déchets contenant des composants utiles, notamment les équipements électroménagers usés. À partir du 1er septembre 2023, des exigences particulières concernant la gestion des DEEE sont entrées en vigueur. Par exemple, des produits électroniques collectés dans un magasin d’électroménager seront obligatoirement recyclés.

Quelles sont les décisions pouvant aider à diminuer le gaspillage des matériaux précieux, ainsi que les dommages à l’environnement ?

Il est à noter que depuis mars 2022, il existe en Russie des amendes pour ceux qui jettent leurs gadgets, PC et appareils électroménagers. Pour les personnes physiques, le montant est de 1 000 à 4 000 roubles, alors que les personnes morales sont passibles d’une amende de 100 000 à 500 000 roubles. En général, les gens sont déjà au courant qu’on ne peut pas jeter de tels déchets de cette manière. S’ils savent où les déposer, ils le feront très probablement.

Il convient non seulement de développer le réseau des points de collecte, mais aussi celui des ateliers où l’on peut faire réparer son appareil, ou des repair cafés, des endroits équipés où l’on peut réparer soi-même. Que peut-on faire d’un équipement usé ? S’il fonctionne encore, on peut le revendre à bas prix, voire le donner gratuitement à quelqu’un si on ne cherche pas de profit. De plus, il faudrait chercher à l’utiliser le plus longtemps possible sans en acheter un nouveau. S’il est devenu obsolète ou ne plaît plus, on peut le revendre ou le donner à quelqu’un qui en a besoin. S’il tombe en panne, le réparer.

Autre exigence de l’éco-design d’aujourd’hui : fabriquer des produits électroniques avec un logiciel actualisable.

Pour cela, il est important que les fabricants d’appareils électroniques produisent des équipements réparables et mutuellement compatibles. Une autre exigence de l’éco-design d’aujourd’hui : fabriquer des produits électroniques avec un logiciel actualisable et bien pensé dont les mises à jour n’exigent pas l’échange de l’ordinateur ou du smartphone parce que la mémoire ne suffit pas. La même chose s’applique aux chargeurs, qu’il faudrait uniformiser pour de nombreux types de gadgets.

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