L'accroissement des livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine se poursuit : le gouvernement allemand entend débloquer plus d'un milliard d'euros de matériel destiné à Kiev, qui a reproché à Berlin ces dernières semaines un soutien trop timoré.
Le gouvernement allemand a annoncé le 15 avril vouloir débloquer plus d’un milliard d’euros d’aide militaire en faveur de l’Ukraine, mais sans préciser à quoi servirait l’argent, alors que Kiev se plaint de ne pas recevoir d’armes lourdes de Berlin.
Ces fonds sont prévus dans une rallonge budgétaire pour cette année.
Au total, tous pays confondus, Berlin a décidé de porter son aide internationale dans le secteur de la défense «à deux milliards d’euros» dans le cadre de ce collectif budgétaire, «la plus grande partie étant prévue sous forme d’aide militaire en faveur de l’Ukraine», a précisé à l’AFP une porte-parole du gouvernement.
Cette enveloppe de deux milliards d’euros «ira en majeure partie à l’Ukraine», a confirmé sur Twitter le ministre des Finances Christian Lindner, ce qui garantit à Kiev plus d’un milliard d’euros.
Les fonds doivent servir à l’Ukraine à financer des achats d’équipements militaires principalement.
Camouflet diplomatique infligé par Kiev au président allemand
Le gouvernement allemand cherche par ce biais à répondre aux critiques croissantes en provenance des autorités ukrainiennes, mais aussi de certains de ses partenaires de l’Union européenne comme la Pologne ou les Etats baltes, sur son manque apparent de soutien en matière d’armement à Kiev.
Le chef de l’Etat allemand, Franck Walter-Steinmeier, a ainsi subi cette semaine un camouflet diplomatique en voyant une proposition de visite à Kiev, qu’il avait faite, refusée par les autorités ukrainiennes.
Ces dernières reprochent au président allemand, et ancien ministre de Affaires étrangères, qui aujourd’hui a essentiellement un rôle honorifique, d’avoir mené un politique supposément trop favorable avec la Russie pendant des années. Et elles demandent plutôt la venue du chancelier Olaf Scholz, avec la promesses de livraisons rapides d’armes lourdes. Le chancelier social-démocrate rechigne toutefois à autoriser de telles livraisons, comme des chars d’assaut, prises sur les stocks de l’armée allemande, de crainte d’entrer dans un engrenage militaire dangereux avec la Russie.
Il doit de surcroît affronter un début de crise au sein de sa coalition gouvernementale, qui réunit également des écologistes et des libéraux. Ces derniers sont de plus en plus favorables aux livraisons d’armes lourdes et reprochent ouvertement à Olaf Scholz un manque de leadership.
Pour rappel, la Russie a lancé le 24 février une opération militaire en Ukraine, dénoncée par Kiev et les Occidentaux notamment comme une guerre d’invasion. Selon le président russe Vladimir Poutine, cette opération vise à «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine et à porter secours aux Républiques autoproclamées du Donbass (reconnues par Moscou), dont les populations seraient menacées de «génocide».
Depuis le début de son intervention militaire, la Russie met en garde les Occidentaux contre la livraison d’armements aux autorités ukrainiennes et plus globalement contre toute interférence dans le conflit. Par exemple, l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Anatoly Antonov, a récemment déclaré qu’il était «extrêmement important que les pays occidentaux cessent de mettre de l’huile dans le feu en alimentant le régime de Kiev en armes».
Maria Zakharova estime que Berlin devient «l’un des fournisseurs les plus importants d’armes à Kiev»