Emmanuel Macron a déclaré qu'une éventuelle adhésion de Kiev à l'UE prendrait des «décennies» si l'organisation n'entendait pas «baisser les standards» qui sont les siens. Il a plaidé pour une «autre forme de coopération».
Le président français a écarté, le 9 mai, la perspective d’une adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE et proposé en attendant l’entrée dans un nouvel ensemble, une «communauté politique européenne», susceptible aussi d’accueillir des pays comme le Royaume-Uni. Lors de son premier discours sur l’Europe depuis sa réélection, prononcé à Strasbourg, Emmanuel Macron a expliqué que l’Ukraine était certes «membre de cœur de notre union», mais que la procédure lui permettant de rejoindre l’UE «prendrait plusieurs années, en vérité plusieurs décennies, sauf à ce que nous décidions de baisser les standards de cette adhésion».
Et pour cause, l’adhésion d’un Etat à l’Union européenne présuppose de remplir plusieurs critères, comme le fait de disposer pour le candidat d’«institutions stables» et d’une «économie de marché fonctionnelle», deux points questionnables dans le cas de l’Ukraine. Le problème de la corruption pourrait également constituer un frein à une éventuelle adhésion, l’Ukraine étant classée 122e sur 180 pays (derrière la Zambie ou les Philippines) dans l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.
Une «communauté politique européenne» parallèle à l’UE ?
«L’UE ne peut pas être à court terme le seul moyen de structurer le continent européen», a estimé le président français lors de son allocution. Emmanuel Macron a ainsi émis l’idée d’une «communauté politique européenne», dont il a précisé les contours lors d’une conférence de presse commune à Berlin avec Olaf Scholz. Celle-ci pourrait offrir une «autre forme de coopération», a-t-il suggéré, le chancelier allemand ayant jugé l’idée «très intéressante» alors que plusieurs pays ont déjà déposé leur candidature en vue d’une adhésion européenne ou envisagent de le faire.
«[Cette organisation] permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération», a expliqué le président français, dans des formes qui restent «à définir». L’Ukraine, mais aussi des pays peu avancés sur la voie de l’adhésion, comme la Bosnie-Herzégovine, pourraient rejoindre un tel ensemble.
Emmanuel Macron a aussi jugé que le Royaume-Uni, qui a quitté l’UE en 2020, pourrait y avoir «toute sa place». Il a aussi mentionné les pays «qui sont embarqués dans des questions d’adhésion […] parfois depuis des décennies», dans une allusion à la Turquie. La proposition relance le débat sur l’éventualité d’une organisation de l’UE en plusieurs cercles concentriques avec des pays bénéficiant de niveaux d’intégration différents.
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