La Commission européenne a envisagé le 18 mai un nouvel emprunt commun inspiré du plan de relance post-Covid, pour financer la reconstruction de l'Ukraine. Toutefois le projet reste vague et suscite des réticences parmi les Vingt-Sept.
«Il y a un moment, tôt ou tard, où nous devrons regarder les financements à une échelle européenne comme nous l’avons fait pour le Covid», a déclaré le vice-président de la Commission Frans Timmermans lors d’une conférence de presse. L’ampleur des besoins de l’Ukraine pour financer sa reconstruction n’est pas connue, le conflit étant toujours en cours, mais la Commission souligne que les dommages sont déjà estimés à des «centaines de milliards d’euros, dont plus de 100 milliards pour les seules infrastructures physiques».
Pour soutenir cette reconstruction, l’exécutif européen propose de mettre en place un instrument financier, «RebuildUkraine», adossé au budget européen. Il permettrait d’accorder à l’Ukraine des prêts et des subventions conditionnés à des réformes en matière d’Etat de droit et de lutte contre la corruption, ainsi que des investissements alignés sur les objectifs européens en matière de numérique et de climat.
La Commission précise que cet instrument financier s’appuierait sur «l’expérience acquise par l’UE dans le cadre de la Facilité pour la reprise et la résilience», outil principal du plan de relance européen visant à soutenir les pays de l’UE dans la crise du Covid-19 qui a été financé de manière inédite par un endettement commun.
Selon l’exécutif européen, les subventions à accorder à l’Ukraine pourraient être financées soit par des «contributions supplémentaires des Etats membres [et des pays tiers qui le souhaitent] à la Facilité (RebuildUkraine) et à des programmes de l’Union existants […] soit par une révision ciblée» du budget européen 2021-2027.
Levée de fonds au nom de l’UE
«Ces ressources pourraient également servir à financer les prêts à octroyer à l’Ukraine [mais] étant donné l’ampleur des prêts qui seront sans doute nécessaires, une levée de fonds au nom de l’UE ou avec des garanties nationales des Etats membres fait partie des options envisagées», lit-on dans un communiqué de la commission.
Pourtant l’idée d’une nouvelle dette commune suscite des réticences selon l’AFP, en particulier en Allemagne et dans les pays dits «frugaux» du nord de l’Europe qui s’étaient ralliés difficilement au plan de relance européen à l’été 2020.
Selon un «haut fonctionnaire de l’UE», cité par l’AFP, la commission invite les Etats membres à «explorer ces idées [pour] voir s’il y a une volonté d’aller plus loin», mais ce dernier a reconnu que les propositions restaient «vagues».
Depuis le coup d’Etat de 2014 en Ukraine et sur la période 2014-2021, l’UE a accordé 1,7 milliard d’euros de subventions «au titre de l’instrument européen de voisinage», 5,6 milliards d’euros de prêts dans le cadre de cinq programmes d’assistance «macrofinancière», 194 millions d’euros d’aide humanitaire, et 355 millions d’euros au titre des «instruments de politique étrangère».
L’Ukraine espère obtenir le statut de candidat à l’UE «dans les semaines à venir»