L'entreprise américaine spécialisée dans les technologies de reconnaissance faciale a été condamnée au Royaume-Uni à une amende de 7,5 millions de livres sterling et va devoir supprimer les données personnelles des résidents britanniques.
Les autorités britanniques ont annoncé ce 23 mai que l’entreprise américaine Clearview AI avait été condamnée à une amende de 7,5 millions de livres sterling − qui équivaut à 8,85 millions d’euros − en raison de l’utilisation illicite d’images de gens collectées sur internet et les réseaux sociaux pour créer une base de données mondiale qui pourrait être utilisée pour la reconnaissance faciale.
L’ICO (Information Commissioner’s Office), autorité britannique chargée de la protection des données, a en outre ordonné à l’entreprise de cesser de récolter et d’utiliser les données personnelles des résidents britanniques publiquement disponibles sur internet et de supprimer celles qu’elle a déjà recueillies.
20 milliards de clichés
Selon l’autorité, l’entreprise a moissonné en ligne plus de 20 milliards de clichés de visages partout dans le monde pour créer une base de données, sans information ni consentement quant à leur utilisation ou leur collecte.
L’entreprise propose à ses clients, police y compris, un service permettant de retrouver les images en ligne d’une personne après avoir renseigné une photo, souligne l’ICO.
«Bien que Clearview AI ne propose plus ses services à des organisations au Royaume-Uni, l’entreprise a des clients dans d’autres pays», si bien qu’elle «continue à utiliser les données personnelles de résidents britanniques», a souligné l’ICO dans un communiqué.
«Non seulement l’entreprise permet l’identification [des gens dont elle a collecté la photo], […] mais elle surveille effectivement leur comportement et le propose comme un service commercial», a dénoncé John Edwards, le Commissaire britannique à l’Information.
Son enquête ayant été menée en collaboration avec les autorités australiennes, il a souligné que «la coopération internationale [était] essentielle pour protéger le droit à la vie privée en 2022», annonçant une rencontre cette semaine avec les régulateurs européens à Bruxelles. Contactée par l’AFP, Clearview AI n’a pas répondu dans l’immédiat.
L’entreprise a récemment accepté de ne plus vendre ses bases de données biométriques à des entreprises aux Etats-Unis. Plusieurs procédures ont été engagées contre elle dans des pays européens. L’Autorité italienne de protection des données personnelles lui a infligé une amende de 20 millions d’euros en mars dernier pour avoir instauré la «surveillance biométrique de personnes se trouvant sur le territoire italien».
L’Autorité italienne avait en outre précisé avoir «ordonné à la société d’effacer les données relatives à des personnes se trouvant en Italie».
La police belge a bien utilisé le logiciel controversé de reconnaissance faciale de Clearview AI