Les députés équatoriens vont reprendre ce 26 juin le débat entamé la veille sur la destitution éventuelle du président, lequel a mis fin à l'état d'urgence pour tenter de circonscrire les manifestations indigènes contre le coût de la vie.
A la demande de députés soutenant l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), le Parlement monocaméral équatorien a commencé à se réunir le 25 juin pour débattre d’une éventuelle destitution du président Guillermo Lasso.
La séance a été suspendue au terme de près de huit heures de débats, et doit reprendre ce 26 juin à 16h (21h GMT), a déclaré le président du Parlement, Virgilio Saquicela.
Le Parlement a précisé sur son compte Twitter que 135 de ses 137 membres participent au débat.
L’opposition, majoritaire mais divisée au sein de l’Assemblée, rend le président conservateur responsable de la «grave crise politique» qui secoue le pays depuis le 13 juin, avec des manifestations et blocages de rues quotidiens.
Le chef de l’Etat, un ancien banquier au pouvoir depuis mai 2021, a délégué son secrétaire juridique Fabio Pozo pour le représenter devant l’Assemblée. «Les parlementaires […] cherchent à déstabiliser la démocratie», a déclaré ce dernier.
Après les débats, les députés auront 72 heures pour voter. Une majorité de 92 voix sur 137 est nécessaire pour que la procédure de destitution soit adoptée.
Correa appelle a des élections anticipées
«Président Lasso, ne soyez pas lâche. Appelez à des élections anticipées», a tweeté l’ancien président socialiste Rafael Correa. Des mobilisations du mouvement indigène ont provoqué la chute de trois présidents entre 1997 et 2005.
Dans la soirée du 25 juin, Guillermo Lasso a mis fin à l’état d’urgence déclaré huit jours auparavant dans six des 24 provinces du pays, les plus touchées par les manifestations, selon un nouveau décret publié par le bureau du président. Ce couvre-feu prévoyait la mobilisation de l’armée et un couvre-feu nocturne de sept heures pour trois provinces, notamment Pichincha, dont la capitale est Quito.
Près de 14 000 manifestants indigènes sont mobilisés dans tout le pays pour protester contre la hausse du coût de la vie et exiger notamment une baisse des prix des carburants, d’après la police, qui estime leur nombre à près de 10 000 dans la capitale.
Le débat parlementaire s’est ouvert le jour-même avec une première tentative de dialogue entre dirigeants du mouvement indigène dont Leonidas Iza, le chef de la Confédération des nationalités indigènes (Conaie, fer de lance des manifestations), et plusieurs ministres du gouvernement, sous les auspices de Virgilio Saquicela.
Le 24 juin, Guillermo Lasso, qui a reçu récemment le soutien de l’armée, a accusé les manifestants de vouloir «perpétrer un coup d’Etat».
Les violences ont fait cinq morts, selon l’Alliance des organisations des droits de l’Homme qui a rectifié le 25 juin un précédent bilan de six morts. Quelque 500 personnes ont été blessées – civils, policiers et militaires –, selon différentes sources.
Quito est en grande partie paralysée et ses accès bloqués par de nombreux barrages routiers. Les manifestants ont tenté à deux reprises, les 23 et 24 juin, de pénétrer dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, d’où ils ont été repoussés par les forces de l’ordre.
Equateur : alors que le président déclare l’état d’urgence, les protestations se poursuivent