Depuis un forum au Portugal, la présidente de la Banque centrale européenne a reconnu que l’inflation était un défi pour sa politique monétaire. Sa préoccupation : relever les taux sans plonger la zone euro dans la récession.
Depuis Sintra, au sud du Portugal, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a annoncé ce 28 juin que l’institut basé à Francfort, irait aussi loin que nécessaire pour lutter contre une inflation «excessivement élevée» et qui devrait le rester «pendant un certain temps encore».
S’exprimant en ouverture du forum annuel de la BCE devant un parterre de banquiers centraux et d’économistes, elle a considéré que le choc d’inflation actuel était «un grand défi» pour la politique monétaire de l’institut qu’elle préside.
L’objectif de la BCE est de ramener l’inflation à un niveau proche de 2%, alors qu’elle a dépassé 8% en mai en zone euro et pourrait encore monter en juin, selon des chiffres attendus en fin de semaine. L’institut se prépare en juillet, face à l’inflation galopante, à remonter ses taux d’intérêt pour la première fois depuis onze ans, après avoir mis fin à ses rachats de dette sur le marché.
Cette perspective a fait resurgir le risque d’une crise de la dette en zone euro, avec des écarts croissants de taux d’intérêts demandés aux Etats du Nord et du Sud de l’Europe pour emprunter et financer leurs déficits. La BCE a dû dernièrement s’employer à rassurer les investisseurs en annonçant les préparatifs en vue d’un nouvel «instrument anti-fragmentation» pour aplanir les spreads, ou écarts de taux entre pays bénéficiant de bonnes conditions d’emprunt et les autres.
Christine Lagarde a déclaré que ce nouvel instrument devrait «être efficace, tout en étant proportionné et contenant des garanties suffisantes pour préserver l’élan des Etats membres vers une politique budgétaire saine». L’ancienne directrice générale du FMI a ajouté que c’était la condition pour permettre «aux taux de remonter autant que nécessaire».
Mais la BCE est face à un dilemme car remonter ses taux trop abruptement pourrait faire plonger la zone euro en récession, surtout que l’institut a déjà nettement revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les deux prochaines années. Toutefois Christine Lagarde dit s’attendre, malgré cette situation, à des taux de croissance positifs en raison de soutiens intérieurs à l’économie.
Pour la présidente de la BCE les gouvernements «doivent jouer leur rôle dans la réduction des risques». Pour ce faire, ils doivent selon elle fournir un soutien ciblé et temporaire à l’économie, tout en gardant en vue la viabilité de leurs finances publiques.
Hausse des taux d’intérêt : vers une nouvelle crise de la dette en zone euro ?