Après les graves tensions déclenchées plus tôt ce mois par le blocage partiel du fret à destination de Kaliningrad par la Lituanie, la Russie a accusé la Norvège de bloquer les marchandises destinées aux Russes présents sur l'archipel de Svalbard.
La Russie a accusé ce 29 juin la Norvège de bloquer le transit de marchandises à destination des Russes installés sur l’archipel arctique norvégien du Svalbard et menacé Oslo de représailles.
«La Russie a exigé de la partie norvégienne une solution rapide à la question», a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué, annonçant que la chargée d’affaires norvégienne à Moscou, Solveig Rossebo, avait été convoquée au ministère. «Il a été indiqué que des actions hostiles contre la Russie conduiraient inévitablement à des mesures de riposte appropriées», a-t-il ajouté.
Selon la Russie, la Norvège a bloqué au point de passage frontalier terrestre de Storskog des approvisionnements en matériel et nourriture qui devaient être chargés à bord d’un navire pour rejoindre le Svalbard à destination de mineurs russes de l’archipel. Selon Sergueï Gouchtchine, consul de Russie sur l’archipel arctique, il s’agit de 20 tonnes de marchandises, dont sept tonnes de produits alimentaires et le reste de pièces détachées et d’équipements essentiels pour préparer l’hiver.
L’argument des sanctions
D’après le diplomate, la Norvège bloque les marchandises en application de sanctions européennes adoptées contre la Russie en conséquence de son intervention militaire en Ukraine. «Je pense que la Norvège n’a pas bien réfléchi en rejoignant les sanctions européennes», a-t-il dit.
Le diplomate a indiqué que la Russie étudiait des voies d’approvisionnement alternatives, notamment au départ de l’Europe ou par la mer depuis la ville russe de Mourmansk.
Les autorités norvégiennes cherchent à ce que les mineurs russes se retrouvent sans nourriture, ce qui est en soi amoral. Cela viole les droits de l’homme, et les principes de l’humanisme
Un traité atypique, conclu en 1920 à Paris, reconnaît la souveraineté de la Norvège sur le Svalbard mais garantit aussi aux ressortissants des Etats signataires, aujourd’hui 46 dont la Russie, la liberté d’y exploiter les ressources naturelles «sur un pied de parfaite égalité».
C’est à ce titre que, depuis des décennies, la Russie – l’URSS avant elle – extrait du charbon sur ces terres habitées par moins de 3 000 personnes d’une cinquantaine de nationalités. Le vice-président du Conseil de la Fédération Konstantin Kossatchev a accusé sur Telegram Oslo de violer le traité de Paris. «Les autorités norvégiennes cherchent à ce que les mineurs russes se retrouvent sans nourriture, ce qui est en soi amoral. Cela viole les droits de l’homme, et les principes de l’humanisme», a-t-il accusé. Le consul russe a cependant démenti tout risque de pénurie alimentaire.
Ces tensions surviennent alors qu’un grave incident diplomatique a eu lieu plus tôt en juin quand la Lituanie a bloqué une partie du fret destiné à l’enclave russe de Kaliningrad sous prétexte de faire respecter les sanctions européennes. La Russie considère au contraire qu’il s’agit là d’une violation des traités signés entre les deux pays et a promis une réponse forte à ce qu’elle considère comme des actes d’hostilité.
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