Le projet des dirigeants du G7 de plafonner les prix du pétrole russe pourrait provoquer une flambée des prix selon le ministre russe de l’Energie. Une analyse partagée par des experts indépendants qui évoquent une «recette pour un désastre».
Plafonner le prix du pétrole russe, comme l’envisagent les pays occidentaux, provoquerait un déficit qui entraînerait une flambée des prix pour les consommateurs européens, selon Alexandre Novak, vice-Premier ministre russe chargé de l’Energie.
Lors d’un entretien avec la chaîne de télévision russe Rossia-24, ce 30 juin, il a avancé que cette mesure ne pourrait que «mener à un déséquilibre du marché, à un déficit de ressources énergétiques sur le marché, ce qui, en retour, entraînera une hausse des prix [que] devront payer les consommateurs européens».
Les dirigeants des pays du G7 se sont engagés, lors d’un sommet cette semaine, à développer un «mécanisme» pour plafonner le prix du pétrole russe au niveau mondial afin de priver de Moscou d’une partie des revenus de ses exportations d’hydrocarbures.
Cependant le risque de provoquer un emballement des cours mondiaux du pétrole dans le cas où ce mécanisme se mettrait en place est pris au sérieux par certains analystes du marché. Ainsi, Bjarne Schieldrop, analyste en chef des matières premières du groupe bancaire suédois SEB, cité par le site de référence oilprice.com, a estimé, la veille du sommet du G7, que le projet de limiter les prix du pétrole russe était une «recette pour un désastre» et risquait de pousser le prix du baril au delà de 200 dollars.
Les pays européens s’efforcent depuis le début du conflit en Ukraine de réduire leur propre consommation d’hydrocarbures russes, mais les exportations de Moscou se sont en parallèle renforcées vers l’Asie. La mise en garde d’Alexandre Novak intervient au moment où l’envolée des prix du pétrole qui a accompagné l’intervention en Ukraine suscite une inquiétude croissante dans le monde.
Inquiétude sur les cours du pétrole
Ce 30 juin, les pays producteurs de pétrole de l’Opep+ ont reconduit leur objectif d’augmentation de la production pour cet été à 648 000 barils supplémentaires par jour, une mesure qui ne devrait toutefois pas freiner la hausse.
Dans ce contexte, le ministre Novak a fait savoir que la production pétrolière de la Russie avait pratiquement retrouvé le niveau qui était le sien avant le début de l’offensive en Ukraine, à quelque 9,9 millions de barils par jour.
«Notre production s’est remise de la chute de mars et avril. En juin, nous avons presque atteint le niveau de février», a déclaré Alexandre Novak, ajoutant que Moscou allait s’efforcer de l’augmenter encore pour remplir les quotas de production fixés à la Russie par l’Opep+. «Le rôle de la Russie dans la mise en œuvre de l’accord [annoncé par l’Opep+ ce jour] sera l’un des plus cruciaux», a-t-il conclu.
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