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La France officialise la fin de la force Takuba au Mali

Le calendrier était attendu, le voilà confirmé : Paris a annoncé la fin de la task force Takuba au Mali, une agrégation de forces spéciales européennes, victime collatérale des tensions avec les colonels au pouvoir à Bamako.

La France a officialisé le 1er juillet la fin de la force européenne Takuba.

Bamako estime que la France n'a plus de «base légale» pour opérer au Mali


Bamako estime que la France n’a plus de «base légale» pour opérer au Mali

Celle-ci, montée à grand-peine par l’ancienne ministre des Armées Florence Parly pour faire partager aux Européens le fardeau de la lutte contre les djihadistes au Sahel, a succombé aux deux coups d’Etat au Mali en août 2020 et mai 2021, à la dégradation brutale des relations franco-maliennes puis au départ en 2022 de la force antidjihadiste française Barkhane. 

«La réorganisation du dispositif militaire français au Sahel […] a conduit à la fin des opérations de Takuba au Mali à compter du 30 juin», a fait savoir le général Pascal Ianni, porte-parole de l’état-major français.

Barkhane et Takuba témoignent de ce que «les Européens sont capables d’accomplir ensemble dans des environnements sécuritaires complexes», a-t-il poursuivi, louant «les leçons» de cette expérience opérationnelle. Takuba avait fini par rassembler une dizaine de pays européens, et jusqu’à 800 à 900 soldats d’élite.

Ils étaient chargés d’aider les forces maliennes à gagner en autonomie et leur permettre de reprendre pied dans les territoires délaissés par l’Etat, face aux groupes djihadistes. Souvent dubitatifs au départ, devant obtenir l’accord de leurs Parlements respectifs, neuf pays européens avaient fini par accepter le projet (Belgique, République Tchèque, Danemark, Estonie, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal et Suède).

La «pleine capacité opérationnelle» de Takuba – qui signifie «Sabre» en langue tamasheq – avait été décrétée début avril 2021. Elle aura duré moins d’un an : les opérations conjointes ont en fait cessé dès février dernier. «Outre le partage d’une appréciation de situation, des procédures communes et une fraternité d’armes ont été forgées», a salué l’état-major français.

Takuba n’aura pas résisté aux tensions avec Bamako. En janvier, le pouvoir malien avait demandé au Danemark de retirer ses troupes tout juste arrivées mais déployées «sans son consentement». Copenhague avait dénoncé «un jeu politique sale».

L’influence de la France s’affaiblit en Afrique

En rompant avec Paris, Bamako a aussi rompu avec ses alliés. A titre d’exemple, la force suédoise avait déjà décidé de ne pas prolonger ses forces spéciales au-delà de leur mandat initial en juin. Stockholm ne devrait pas non plus relocaliser de troupes hors du Mali, même si les échanges avec la France se poursuivent officiellement.

Et si Stockholm conserve 200 hommes au sein de la Minusma, la mission de paix des Nations unies au Mali, elle en partira un an plus tôt que prévu, au premier semestre 2023. Et aujourd’hui, c’est le dispositif international tout entier dans la région qui vacille.

Un partenariat avec le Niger toujours d’actualité

L’armée française aura quitté le Mali d’ici fin août après neuf ans d’engagement. Et la Minusma, prolongée d’un an, sera privée de soutien aérien. «La reconfiguration militaire en cours dans la région pourrait compromettre les efforts antiterroristes passés», ont souligné des experts de l’ONU dans un document obtenu par l’AFP.

«Notre transformation vers un modèle partenarial était incarné au Mali par Takuba mais l’opération a été percutée en pleine montée en puissance», a reconnu auprès de l’AFP le général Hervé Pierre, qui supervise depuis Niamey les partenariats entre armées française et ouest-africaines. Cependant «l’esprit de Takuba perdurera dans le partenariat de combat avec les Nigériens, dans une relation encore plus équilibrée».

En mai, le président nigérien Mohamed Bazoum avait appelé Français et Européens à «prendre plus de risques et ne pas être hantés par les pertes» au Sahel.

Il réclamait que leurs forces soient déployées «avec des capacités aériennes conséquentes, des règles d’engagement efficaces, des sacrifices, des moyens financiers, avec beaucoup plus d’hélicoptères, de bombes». Des «discussions sont en cours» entre Paris et plusieurs pays de la région sur leurs besoins en terme d’assistance militaire, a confirmé le général Ianni, alors que la menace djihadiste s’étend vers le Golfe de Guinée.




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