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Vers une reprise des hostilités ? Plusieurs morts dans un bombardement d’Addis-Abeba sur le Tigré

En Ethiopie, où une trêve de cinq mois a été brisée, l’armée régulière a frappé la capitale de la région en rébellion du Tigré. L’inquiétude de la communauté internationale grandit face au risque d’une reprise de la guerre civile dans le pays.

Mekele, capitale de la province en rébellion du Tigré, a été bombardé le 26 août par l’aviation du gouvernement éthiopien. Au moins quatre personnes, dont deux enfants, ont été tuées et neuf autres blessées, selon un responsable du principal hôpital de la ville qui s’est adressé à l’AFP.

La frappe n’a pas été immédiatement confirmée par le gouvernement fédéral du premier ministre Abiy Ahmed. Celui-ci a en revanche annoncé dans un communiqué son intention de mener des «actions» au Tigré, appelant la population à se tenir éloignée des cibles militaires, tout en démentant catégoriquement les accusations des miliciens tigréens selon lesquelles l’armée fédérale avait tué des civils.

«L’aviation militaire éthiopienne répond clairement à l’attaque lancée contre l’Ethiopie en ne visant que des sites militaires», a affirmé dans un message à l’AFP le service de communication du gouvernement, accusant en retour les combattants FLPT de «déposer des faux sacs mortuaires dans des zones civiles pour affirmer que l’aviation a attaqué des civils». 

Rupture de la trêve : miliciens et loyalistes se renvoient la balle

Plus tôt dans la journée, Kindeya Gebrehiwot, un porte-parole des autorités du Tigré, avait déclaré que l’aviation éthiopienne avait «largué des bombes sur une zone résidentielle et un jardin d’enfants à Mekele», tuant et blessant des civils. Une version confirmée le lendemain par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), qui a affirmé qu’une frappe avait touché un «jardin d’enfants» et tué et blessé plusieurs enfants.

Ce bombardement ponctue la troisième journée consécutive d’affrontements entre les Forces de défense nationale éthiopiennes (FDNE) et les combattants du TPLF. Depuis le 24 août, gouvernement central et autorités tigréennes se rejettent la responsabilité de la reprise des combats à la frontière sud-est de la région. Les groupes armés tigréens avaient alors accusé l’armée fédérale éthiopienne d’avoir lancé une «offensive de grande échelle» contre leurs «positions du front sud».

La veille, Addis-Abeba avait en retour incriminé le TPLF de la «diffamer» en l’accusant de «faire mouvement vers [ses] positions» ou de les «bombarder». Ce regain de violence marque la fin d’une trêve de cinq mois, conclue le 24 mars entre les deux camps et jusqu’ici largement respectée.

Une région en proie à la guerre civile et à la famine

Face aux craintes d’une reprise de la guerre civile, dans une région où selon l’ONU près de 40% de la population fait face à une «pénurie extrême de nourriture», les appels à la désescalade se sont multipliés. A l’image d’António Guterres, qui s’est dit «profondément choqué et attristé» par la reprise des combats. Le secrétaire général des Nations Unies a ainsi appelé le 24 août «fermement à la cessation immédiate des hostilités et à la reprise des négociations de paix».

Le même jour, l’ONU a déploré que les miliciens du Tigré se soient «emparés» à Mekele de 12 camions-citernes du Programme alimentaire mondial transportant 570 000 litres de carburant à la distribution d’aide humanitaire.

Selon les chiffres de l’organisation internationale, ce conflit débuté le 4 novembre 2020 a causé plusieurs dizaines de milliers de morts ainsi que deux millions de déplacés. De leur côté, autorités fédérales et tigréennes exhortent toutes deux la communauté internationale à faire pression sur la partie adverse. Getachew Reda, porte-parole du TPLF, a appelé à «arrêter de choyer Abiy» et à faire «pression sur le régime pour le pousser à des négociations de bonne foi».

«Alors que la communauté internationale appelle les deux parties belligérantes à la désescalade, Abiy Ahmed a choisi d’envoyer son aviation attaquer les civils à Mekele», s’est-il insurgé sur Twitter. Quant aux autorités éthiopiennes, celles-ci appellent à «condamner» les «provocations permanentes» des groupes armés tigréens et à les pousser «vers l’option de la paix proposée par le gouvernement».




La guerre dans la région du Tigré en Ethiopie déborde dans des régions voisines


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