Revenant sur la polémique de l'affiche du Planning familial selon laquelle les hommes pourraient être «enceints», le consultant Franck Pallet estime que la liberté de choix ne doit pas aboutir à la déconstruction de l'origine de l'humanité.
Une affiche du Planning familial sur laquelle était indiqué le slogan «Au planning, les hommes aussi peuvent être enceints» a récemment suscité une vive polémique parmi des élus de la droite conservatrice et du Rassemblement national. La presse nationale dans son ensemble s’en est emparée.
Cette polémique est née d’un dessin représentant un homme transgenre (c’est-à-dire né biologiquement femme et dont l’identité de genre est masculine) pendant sa grossesse.
Outre l’incongruité de cette représentation, il y a matière à s’interroger sur les motivations profondes qui ont animé l’association Mouvement français pour le Planning familial, créée en 1960, subventionnée par l’Etat, donc par nos impôts, pour assurer une mission d’utilité publique.
Chose surprenante : au lieu de calmer cette polémique, la ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, a encore jeté de l’huile sur le feu en apportant son soutien au Planning familial, face à la prolifération de messages prétendument haineux sur les réseaux sociaux et de certaines personnalités politiques.
Comme à l’accoutumée, tout est question de surenchère politique dans les propos ainsi tenus.
La classe politique y voit ainsi l’occasion de faire diversion par rapport à des problématiques plus sérieuses, préoccupant une majorité de Français qu’elle a toutes les peines à résoudre, à savoir le pouvoir d’achat largement entamé par l’inflation, une rentrée scolaire dont on sait d’ores et déjà qu’elle sera chaotique, et le risque d’une pénurie de gaz pour le prochain hiver même si le discours du gouvernement se veut rassurant.
Par-delà cette campagne de communication pour le moins maladroitement conduite, qui n’a au demeurant aucun sens au regard de la nécessité d’assurer une plus grande égalité hommes femmes dans une société où il existe encore bien des discriminations, il convient de rappeler ce pourquoi a été créé le Planning familial et quelle est sa vocation essentielle afin de bien poser les termes du débat.
A l’origine, le Planning familial a pour objectif l’éducation sexuelle, la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement et le contrôle des naissances en général, dans une optique féministe universaliste.
Outre le fait que cette association promeut la liberté pour les femmes de disposer librement de leur corps et de vivre une maternité voulue et heureuse, d’accéder à l’avortement qui reste l’une de ses priorités, le Planning familial a entre autres participé à l’élaboration de la loi sur le délit d’entrave à l’IVG en 1992, milité contre le non-remboursement de la pilule contraceptive et activement participé à la campagne contre les abus sexuels sur les mineurs dans les établissements scolaires.
Force est cependant de constater que l’évolution de cette association laisse songeur, notamment dans le vocabulaire utilisé dans ses campagnes de communication. Désormais, on ne dit plus «femme» mais «personne ayant un utérus». Comme l’écrit Margaux d’Adhémar, journaliste au Figaro, «on en déduit qu’on ne dit plus homme mais personne détenant un pénis».
Ce changement inopportun dans le vocabulaire utilisé n’est pas sans rappeler la précédente polémique suscitée par l’introduction dans le Dictionnaire le Robert du pronom neutre «iel», censé évoquer équitablement tous les genres, ou encore celle de l’écriture inclusive.
Ainsi, selon Mediapart, ce ne serait pas une question de genre mais ce serait une question de droit.
Par-delà les convictions de chacun, on ne saurait souscrire à une telle position.
En effet, la recherche de l’égalité des citoyens à tout prix, même dans des situations où celle-ci ne peut être parfois assurée dans des conditions normales, notamment pour des considérations d’intérêt général, confine non seulement à l’irrationalité mais également à un égalitarisme niaiseux. Or, l’égalitarisme est précisément la négation de l’altérité, de la complexité et des contradictions inhérentes à la vie. Poussé à l’extrême, il aboutit au final à un nivellement par le bas. Dans De la Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville évoquait ainsi «cette passion de l’égalité au détriment de la propre liberté des individus»…
En l’espèce, indépendamment du fait que l’égalité entre hommes et femmes doit être assurée dans une société démocratique où le principe méritocratique est la règle, la réalité biologique fait que seule la femme peut procréer et, partant, que l’homme ne peut être «enceint» par définition, eu égard à sa physiologie. Une telle différenciation naturelle entre individus exclut donc tout égalitarisation des conditions.
Affirmer le contraire serait déconstruire non seulement l’origine de l’humanité mais aussi nier tout ce qui a structuré la société autour des valeurs morales et familiales que celle-ci est censée incarner afin de permettre à chacun de trouver ses repères. Ce serait dénaturer notre identité que nous soyons un homme ou une femme.
Ainsi, pour la gauche bien pensante à laquelle s’associe la majorité gouvernementale pour des raisons de circonstances et à des fins politiciennes, les critiques adressées aux promoteurs de cette affiche seraient l’œuvre de méchants «fascistes» au même titre que les dangereux complotistes qui osaient mettre en doute les thèses scientifiques en présence lors de la crise sanitaire et l’utilité de la stratégie de vaccination de tous les Français définie par le gouvernement de Jean Castex.
Or, les mots ont leur importance et ne peuvent être utilisés en toutes circonstances et à n’importe quelle sauce en dénaturant à sa guise la définition usuellement admise d’un point de vue académique de telle ou telle notion.
Ce n’est pas être un fasciste que de défendre les valeurs morales et familiales d’une société, de sensibiliser les plus jeunes à l’éducation sexuelle tout en leur laissant la liberté de choix. Ce sont précisément ces valeurs judéo-chrétiennes auxquelles le peuple français est attaché dans sa grande majorité qui ont construit notre histoire à travers les siècles mais qui tendent hélas à disparaître au nom de nouvelles idéologies remettant en cause les fondements mêmes de notre société.
Si la société doit évoluer au gré des mœurs et des mentalités, on ne saurait pour autant détruire ce qui l’a précisément structurée.
Ce genre d’affiche est d’autant plus dangereuse et malsaine qu’elle peut induire parmi les plus jeunes une perte de repères de ce qu’ils sont, surtout à un moment où le corps d’un jeune adolescent se construit et où celui-ci découvre sa sexualité dans une période de puberté encore incertaine.
L’égalité et la liberté sont les deux conditions fondatrices de toute société démocratique. Chacun doit avoir la possibilité de se marier entre personnes de même sexe ou de sexes différents, de changer de sexe, de devenir ainsi un homme ou une femme. Cependant, cette liberté de choix ne doit pas aboutir à la négation de ce que nous sommes et encore moins déconstruire les connaissances jusqu’alors acquises dans le domaine scientifique. La femme n’est pas seulement un «utérus» et l’homme ne saurait se résumer à un «simple pénis». Ils sont avant tout des individus différenciés et autonomes.
Je terminerai mon propos par cette citation d’Albert Jacquard : «L’autre est différent, certes, il ne s’agit pas de nier cette différence, ou de prétendre l’oublier, mais d’en tirer parti. Car la vie se nourrit de différences ; l’uniformité mène à la mort.»
Laissons à chacun le libre choix de sa vie et de disposer de son propre corps. Il n’est nul besoin d’en faire la promotion qui en l’espèce ne s’imposait pas et sort du cadre de la mission originelle du Planning familial.
Affiche d’un «homme enceint» : la ministre Isabelle Rome apporte son soutien au planning familial