La Tunisie a annoncé ce 27 août le rappel de son ambassadeur au Maroc, au lendemain d'une décision similaire des autorités marocaines après l'accueil à Tunis du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
En annonçant le rappel de son ambassadeur au Maroc ce 27 août, Tunis a expliqué vouloir «mainten[ir] sa totale neutralité sur la question du Sahara occidental dans le respect de la légitimité internationale», tout en prônant «une solution pacifique et acceptable par tous».
Cette décision tunisienne survient au lendemain du rappel par le Maroc de son ambassadeur à Tunis, où a été accueilli le jour même par le président Kais Saied le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, au même titre que les autres dirigeants venus assister au sommet Japon-Afrique (Ticad). Simultanément au rappel de son haut diplomate, Rabat avait alors qualifié l’accueil de Brahim Ghali à Tunis d’«acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain», accusant la Tunisie d’avoir procédé à cette invitation de façon unilatérale, «contre l’avis du Japon et en violation du processus de préparation».
«La Tunisie respecte les résolutions des Nations unies et celle de l’Union africaine», précise aujourd’hui la diplomatie tunisienne. «Contrairement à ce qui a été dit dans la déclaration marocaine», la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) avait reçu une «invitation directe» du président de la Commission africaine, a-t-il ajouté.
Un référendum d’autodétermination du Sahara occidental est prévu depuis 1991
La République arabe sahraouie et démocratique, autoproclamée par le Front Polisario, qui réclame l’indépendance du Sahara occidental, est à ce jour contrôlée à près de 80% par le Maroc.
Le conflit dans cette vaste zone désertique, bordée d’eaux poissonneuses et au riche sous-sol minier, considérée comme un «territoire non autonome» par l’ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus diplomatiquement par Alger. Rabat propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.
Plus tôt cette année, l’Espagne avait annoncé qu’elle soutenait la solution proposée par le Maroc au sujet de la souveraineté du Sahara occidental. Le président algérien avait alors déploré ce positionnement et rappelé son ambassadeur en Espagne, estimant que le revirement de Madrid était «inacceptable moralement et historiquement».
«Inacceptable» : Alger ne décolère pas après le soutien de Madrid au Maroc sur le Sahara occidental