La Turquie annonce avoir «neutralisé» neuf combattants du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) lors d'une énième intervention dans le nord de l'Irak. Le gouvernement central irakien ainsi que certaines milices menacent de riposter.
La Turquie a «neutralisé» neuf membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) le 27 août lors d’une nouvelle opération dans le nord de l’Irak, a annoncé le ministère turc de la Défense. «Nos opérations se poursuivront jusqu’à ce que le dernier terroriste soit neutralisé», a déclaré le ministère sur Twitter. Pour Ankara, le PKK est une organisation terroriste. Par ailleurs, l’Union européenne et les Etats-Unis ont adopté la même classification au sujet de l’organisation kurde.
Réagissant à cette nouvelle frappe, le responsable du bureau de la sécurité des Brigades irakiennes du Hezbollah, Abou Ali al-Askari, cité par la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, a souligné la nécessité d’un retrait des forces turques de l’Irak. Ce responsable d’une milice affiliée à Téhéran a déclaré que «la résistance et ses camarades sont capables d’expulser les forces turques agresseurs d’Irak». Pour rappel, depuis 1984, le gouvernement turc affronte la milice du PKK implantée en Turquie, en Irak et en Syrie. Ce conflit a déjà fait plus de 40 000 morts.
La Turquie renforce sa présence en Irak
Depuis 2015, Ankara a lancé plusieurs opérations terrestres dans le nord-ouest de l’Irak pour déloger les combattants kurdes présents à la frontière. Officiellement, en raison des accords sécuritaires signés entre les deux pays dans les années 1980, la Turquie est en droit d’intervenir et de pénétrer en Irak sur une profondeur de 15 kilomètres pour lutter contre les miliciens du PKK.
L’armée turque en profite pour ériger des bases dans les montagnes et surtout quadriller les airs avec ses drones militaires. Elle dispose de pas moins de 33 bases dans les régions irakiennes de Ninive et Dohuk principalement, selon l’ouvrage L’Irak, un siècle de faillite du sociologue franco-irakien Adel Bakawan.
Selon un rapport du 24 août publié par le Groupe intercommunautaire pour la paix (CPT) les bombardements turcs auraient fait entre 98 et 123 morts civils dans le Kurdistan irakien depuis 2015. De surcroît, cette présence militaire chasse des centaines de familles chrétiennes et kurdes, exploite les champs et incendie les terres agricoles.
Une relation marquée par des dissensions
Cependant,Ankara entretient de bonnes relations avec le gouvernement autonome du Kurdistan. A titre d’exemple, Erdogan avait reçu le Premier ministre kurde Masrour Barzani peu avant de lancer son opération dans le nord de l’Irak en avril dernier. Les deux parties se sont mises d’accord pour renforcer leur coopération.
Toutefois, ces nombreux bombardements ont provoqué l’ire de Bagdad. Le 20 juillet dernier, alors que la Turquie était accusée d’avoir frappé un hôtel du district de Zakho au Kurdistan irakien, le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, avait adopté un ton inhabituellement ferme vis-à-vis de son voisin turc, exigeant son retrait militaire du territoire, des «excuses officielles» et menaçant même Ankara de «ripostes». Dans les rues de la capitale irakienne, des milliers de manifestants révoltés s’étaient rassemblés devant l’ambassade de Turquie, chantant des slogans hostiles aux diplomates et enflammant des drapeaux turcs. Le 27 juillet, plusieurs roquettes avaient frappé le consulat turc à Mossoul. Ces tirs n’ont pas été revendiqués.
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