La Défense russe a publié un communiqué dans lequel elle accuse l'Ukraine d'avoir bombardé de nouveau la centrale de Zaporojié (sous contrôle russe) la veille alors qu'une délégation de l'AIEA est attendue sur place. Kiev de son côté accuse Moscou.
«Le 30 août, le régime de Kiev a poursuivi ses provocations visant à perturber le travail de la mission de l’AIEA et à créer une menace de catastrophe technologique à la centrale nucléaire de Zaporojié», affirme la Défense russe dans un communiqué publié ce 31 août. Le texte annonce que lors de ces bombardements, un obus «a touché le bâtiment du complexe de recyclage de déchets radioactifs solides».
Les tirs auraient été selon cette version effectués depuis la ville de Nikopol, sous contrôle ukrainien, qui se trouve de l’autre côté du Dniepr, très large à cet endroit en raison de la présence d’un réservoir artificiel dans le lit du fleuve. Selon le ministère de la Défense il n’y a pas eu de fuite de matériaux radioactifs.
Les autorités ukrainiennes ont accusé le même jour la Russie d’avoir bombardé la ville d’Energodar où se trouve la centrale – en d’autres termes donc, de bombarder leurs propres positions. «L’armée russe bombarde Energodar», a déclaré sur Telegram Ievguen Ievtouchenko, chef de l’administration de Nikopol. «La situation avec ces provocations est dangereuse», a-t-il ajouté. La diplomatie ukrainienne, dont les propos sont rapportés par l’AFP, a par ailleurs accusé Moscou de frappes sur les couloirs empruntés par la délégation de l’AIEA visant selon Kiev à «entraver» les activités de l’organisation.
Dmytro Orlov, maire pro-Kiev d’Energodar en exil, a quant à lui accusé Moscou de ces bombardements afin de rejeter ensuite la responsabilité de la situation sur l’armée ukrainienne.
Peu d’espoir autour de la mission de l’AIEA
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a déclaré le 31 août que l’organisation onusienne espérait établir une présence permanente sur le site de la centrale, sous contrôle russe, et qui fait l’objet depuis plusieurs semaines de tirs dont les deux parties s’accusent mutuellement. L’actuelle mission composée de 13 personnes a quitté Kiev le 31 août à bord de véhicules pour passer «quelques jours» sur place.
Elle était arrivée en début d’après midi à Zaporojié à quelque 120 kilomètres du site nucléaire.
Profitant de la présence à Kiev des experts, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé à la communauté internationale à obtenir de la Russie «une démilitarisation immédiate» de la centrale. Cela, avait-il ajouté, implique «le départ de tous les militaires russes avec tous leurs explosifs, toutes leurs armes».
De son côté, le chef de l’administration militaire et civile de la région de Zaporojié (sous contrôle russe) Evguéni Balitsky avait fait part de son sentiment sur cette visite dans une interview accordée le 29 août à RT International.
«On va profiter de cette occasion pour décrire la situation de manière objective et honnête, montrer qui bombarde la centrale», avait-il déclaré, avant d’expliquer ne se faire aucune illusion : «On n’a pas grand espoir avec l’AIEA car c’est une autre de ces organisations, comme l’ONU ou le Conseil de l’Europe. Ce sont des organisations “dans leur poche”.»
Il avait par ailleurs souligné : «C’est avec des armes occidentales que la centrale nucléaire est bombardée, que les gens, les Slaves, s’entretuent, pas seulement sur le front, que les infrastructures civiles – les chemins de fer, les écoles, les jardins d’enfants – sont bombardés. Tout cela non seulement sur leurs instructions, mais avec leurs armes et leur argent.»
Depuis plusieurs semaines, la Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement d’être responsable de bombardements sur le site de la plus grand centrale nucléaire d’Europe, contrôlée par la Russie depuis les premiers jours de son offensive en Ukraine. Kiev accuse Moscou d’en avoir fait une base de tirs, tandis que la Russie précise n’avoir déployé sur place que du personnel chargé de sécuriser le site. Le déploiement d’une mission de l’AIEA sur les lieux avait été évoqué par Vladimir Poutine et Emmanuel Macron au cours d’un entretien téléphonique le 19 août, les deux chefs d’Etat s’étant alors entendus sur l’importance d’envoyer une mission de l’AIEA «dans les plus brefs délais».
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