Un homme a pointé une arme de poing vers la tête de la vice-présidente argentine, sans qu'aucun coup de feu ne parte, avant d'être arrêté par les forces de l'ordre. Son acte a été unanimement condamné par la classe politique.
Un homme a été arrêté dans la soirée du 1er septembre à Buenos Aires après avoir pointé une arme à feu chargée sur la vice-présidente Cristina Kirchner, alors qu’elle rentrait chez elle. Selon des images de plusieurs télévisions, l’homme a visé à la tête la vice-présidente argentine au moment où elle rencontrait des sympathisants venus l’attendre au bas de chez elle, dans le quartier de Recoleta, sans qu’aucun coup de feu ne parte.
On aperçoit dans les vidéos prises sur le vif une main brandissant un pistolet à quelques centimètres de Cristina Kirchner, mais l’arme pourrait s’être enrayée, permettant à celle-ci de s’en sortir indemne. Des policiers ont alors saisi le suspect, l’ont mené dans une voiture de police dans une rue attenante, aussitôt entourée par un épais cordon de policiers.
La séquence est juste incroyable: tentative d’assassinat contre l’ex-présidente argentine Cristina Kirchner, hier soir à Buenos Aires. Le tireur s’approche d’elle, tire, mais l’arme s’enraye… #barakapic.twitter.com/Jo6pT1gr6r
— Arnaud Bédat (@ArnaudBedat) September 2, 2022
Selon plusieurs médias argentins, le suspect serait un trentenaire de nationalité brésilienne, une information non confirmée de source officielle. Selon le quotidien argentin Clarin, son arme était bien chargée, et l’homme aurait déjà été poursuivi pour port d’armes prohibé.
Condamnation unanime de la classe politique argentine et des présidents de gauche des pays voisins
L’incident a été condamné par l’ensemble du camp gouvernemental, ainsi que par la coalition d’opposition. Le chef de l’Etat argentin, Alberto Fernandez, a dénoncé un fait «d’une énorme gravité, le plus grave survenu depuis que [le] pays a retrouvé la démocratie» en 1983, et a décrété un jour férié national le 2 septembre, «pour que dans la paix et la concorde le peuple argentin puisse s’exprimer en défense de la vie, de la démocratie, et en solidarité avec notre vice-présidente».
Le leader de l’opposition de droite et successeur de Cristina Kirchner a la présidence, Mauricio Macri, au pouvoir de 2015 à 2019, a exprimé sa «condamnation absolue de l’attaque subie par Cristina Kirchner, qui n’a heureusement eu aucune conséquence pour la vice-présidente».
A l’étranger, plusieurs dirigeants latino-américains, de gauche en premier lieu, ont réagi en soirée. «La tentative d’assassinat contre la vice-présidente Cristina Kirchner mérite le rejet et la condamnation de tout le continent», a tweeté le président chilien Gabriel Boric. «Toute ma solidarité à la camarade Cristina Kirchner, victime d’un criminel fasciste qui ne sait pas respecter les différences et la diversité», a déclaré l’ex-président et candidat à la présidentielle du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva. En France, Jean-Luc Mélenchon a lui aussi condamné une «tentative de meurtre» et apporté son soutien à Cristina Kirchner, que «les juges d’extrême-droite condamnent sans droit à la défense». «La justice réglant des comptes politiques c’est la barbarie», a lancé le leader de la France insoumise, faisant référence aux ennuis judiciaires actuels de la vice-présidente.
#Argentine: les juges d'extrême-droite condamnent sans droit à la défense @CFKArgentina vice présidente du pays. Une tentative de meurtre contre elle vient d'échouer. Le peuple est dans la rue pour elle. La justice réglant des comptes politiques c'est la barbarie.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) September 2, 2022
Depuis une dizaine de jours, des centaines de militants se rassemblent chaque soir devant le domicile de Cristina Kirchner pour marquer leur soutien à l’ex-chef de l’Etat, au pouvoir de 2007 à 2015, actuellement en procès pour fraude et corruption. Le 22 août, l’accusation a requis contre elle une peine de 12 ans de prison et une inéligibilité à vie, l’ancienne dirigeante étant mise en cause dans le cadre d’attributions de marchés publics dans son fief de Santa Cruz pendant ses deux mandats présidentiels.
Agée de 69 ans, Cristina Kirchner reste sept ans après son départ de la présidence une figure influente dans la politique argentine, à un an de l’élection présidentielle pour laquelle elle n’a pas fait connaître ses intentions. Un verdict à son procès ne devrait être rendu que vers la fin 2022. Même en cas de condamnation, elle jouit au titre de présidente du Sénat d’une immunité parlementaire et pourrait ne pas aller en prison, voire se présenter aux élections générales d’octobre 2023.
Argentine : sous la pression de la rue et de sa vice-présidente, Fernandez remanie le gouvernement