Alors que l'Agence internationale de l'énergie atomique a publié un rapport sur la situation à la centrale nucléaire de Zaporojié, la Russie regrette le manque de précisions sur la provenance des bombardements. Kiev semble plus satisfait de son côté.
Prenant la parole lors de la session plénière du Forum économique oriental à Vladivostok, ce 7 septembre, Vladimir Poutine a commenté le rapport publié la veille par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et consacré à la situation à la centrale nucléaire de Zaporojié. Le chef de l’Etat russe a déclaré faire confiance aux experts, mais a toutefois regretté que les rapporteurs ne puissent pas dire, d’après lui sous la pression des Etats-Unis et de l’Europe, que le bombardement de la centrale provenait des forces ukrainiennes. De son côté, Kiev semble davantage satisfait du rapport publié la veille.
La Russie regrette les imprécisions sur les bombardements de la centrale
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, qui avait réagi plus tôt à la publication, a quant à lui demandé des «clarifications» à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). «Le rapport contient un certain nombre de points d’interrogation», a déclaré le ministre, cité par l’agence russe Interfax.
Publié le 6 septembre, le rapport de l’AIEA plaide pour la mise en place d’une «zone de sécurité nucléaire et de protection» pour prévenir un accident à la centrale de Zaporojié, sous contrôle des forces russes. «Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations», insiste l’AIEA, se disant «prête à démarrer les consultations».
L’ambassadeur russe à l’ONU a regretté lors d’une réunion du Conseil de sécurité le 6 septembre que le rapport ne pointe pas la responsabilité de l’Ukraine, que Moscou accuse d’avoir bombardé la centrale nucléaire de Zaporojié. «Nous regrettons que dans votre rapport […] la source de ces bombardements ne soit pas nommée explicitement», a déclaré Vassili Nebenzia, estimant que ce rapport présenté à distance par le patron de l’AIEA devant le Conseil était une «confirmation» que la «seule menace» contre le site venait des «bombardements et des sabotages par les forces armées ukrainiennes».
Répondant à la journaliste de CNN Christiane Amanpour sur la provenance des tirs, le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi avait estimé le 6 septembre «ne pas avoir les moyens» de déterminer le responsable. «Il faudrait regarder ou surveiller l’opération militaire dans la région et toute son étendue, ce qui non seulement dépasse le mandat de l’AIEA, mais nécessiterait d’énormes capacités», avait-il ajouté. Une «réticence» que l’ambassadeur Vassili Nebenzia a jugé «regrettable».
Volodymyr Zelensky salue l’allusion à «l’occupation militaire russe»
De son côté, dans son message quotidien, mis en ligne tous les soirs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué le 6 septembre : «Le rapport mentionne […] la pression qui y est exercée sur nos employés, et fait clairement allusion à l’occupation militaire russe. C’est une bonne chose.» Il s’est en outre réjoui que le texte mentionne la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale.
Une version des faits démentie par Vladimir Poutine qui a souligné ce 7 septembre que la Russie n’avait «pas déployé d’équipement militaire à la centrale de Zaporojié». Depuis plusieurs semaines, Moscou affirme qu’elle n’a sur place que du personnel visant à sécuriser le site.
«Il n’y a pas d’artillerie là-bas, seulement des camions utilisés pour transporter les gardes», avait déclaré l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia au Conseil de sécurité la veille.
Volodymyr Zelensky s’est montré plus dubitatif, selon l’AFP, sur la proposition du rapport de créer une zone de sécurité à la centrale : «Si le contenu de cette proposition est de démilitariser le territoire de la centrale nucléaire […] alors nous pouvons soutenir une telle zone de protection démilitarisée», a-t-il déclaré.
Depuis des semaines, la confusion règne autour de la centrale de Zaporojié, la plus grande d’Europe, qui a été touchée par de multiples frappes dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement. Après de nombreuses tractations, une délégation de l’AIEA a pu se rendre in situ le 1er septembre dernier. Il est prévu que deux inspecteurs restent sur place de façon permanente.
Une équipe de RT essuie des tirs dans la région de Zaporojié (VIDEO)