Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, dans la zone euro, mais aussi en Indonésie, les banques centrales remontent leurs taux directeurs pour tenter de juguler l’inflation engendrée par la hausse des coûts de l’énergie… au risque d’une récession.
La Banque centrale d’Indonésie a relevé ce 22 septembre son taux directeur, pour le deuxième mois de suite, de 3,75% à 4,25% afin de lutter contre une hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie observée dans le monde entier, en lien avec le conflit en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie.
La décision au début du mois du gouvernement indonésien de relever de 30% les prix du carburant subventionné devrait encore aggraver en septembre l’inflation qui s’établissait à 4,69% en août sur un an. Des économistes cités par l’AFP prédisent qu’elle pourrait atteindre environ 7% à la fin de l’année.
Confrontée à une inflation record de plus de 10 % la Banque centrale d’Angleterre a annoncé le même jour une nouvelle hausse de son principal taux directeur de 0,5 point de base pour le porter à 2,25%. Elle a également reconnu que le pays allait entrer en récession dès le troisième trimestre.
La veille, la Réserve fédérale américaine des Etats-Unis avait elle aussi augmenté, pour la troisième fois cette année, son principal taux directeur pour le porter vers une fourchette de 3,00 à 3,25%. L’institut monétaire s’est montré déterminé à combattre une inflation qui a dépassé les 8% en août, avec une hausse des prix alimentaires de plus de 13 %. Il a d’ailleurs reconnu que le remède ne serait pas indolore et a ramené ses prévisions économiques pour le pays à une croissance quasi nulle de +0,2% en 2022, alors qu’il tablait encore en juin sur +1,7%.
Dans la zone euro qui a atteint en août une inflation moyenne de plus de 9%, la Banque centrale a également réagi en procédant à une hausse brutale de 0,75 points de pourcentage le 14 septembre, après une hausse d’un demi-point en juillet. Le Refi, principal taux de prêt aux banques concédé par l’institut monétaire basé à Francfort, est ainsi monté à 1,25% après avoir été nul pendant près de six ans (depuis mars 2016).
Effets déstabilisateurs pour la zone euro
Ces hausses de taux représentent une réelle menace pour les finances publiques des Etats membres de l’Union européenne qui ont dépensé et vont continuer de dépenser des dizaines de milliards d’euros pour tenter de protéger citoyens et entreprises des effets de la très forte hausse des tarifs de l’énergie.
En tête figure l’Allemagne qui a déjà dépensé ou budgété 100,2 milliards d’euros, soit 2,8% de son produit intérieur brut. L’Italie arrive en deuxième position avec pour le moment 59,2 milliards d’euros promis ou dépensés en faveur des ménages et des entreprises, soit 3,3% de son PIB. En France, le coût du «bouclier tarifaire» mis en place dès novembre 2021 sur les prix du gaz et de l’électricité, arrive troisième avec 53,6 milliards d’euros engagés, soit 2,2% du PIB.
Ces dépenses qui creusent encore le déficit budgétaire hexagonal pourraient avoir un coût très élevé à long terme. Le 20 septembre la France a vu son taux d’emprunt à dix ans franchir un plus haut en huit ans, à 2,5%, pendant que l’Allemagne emprunte à 1,8% contre un taux négatif en début d’année et que l’Italie a de son côté dépassé les 4%, contre environ 1% en début d’année, ravivant le spectre d’une crise de la dette sur le continent.
«Il est critique d’éviter des crises des dettes qui pourraient avoir de profonds effets déstabilisateurs et mettre l’existence même de l’Union européenne en danger», a alerté le Fonds monétaire international dans un récent texte concernant l’Europe cité par l’AFP.
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