Le Fonds monétaire international (FMI) est pessimiste pour la santé des économies européennes en 2022 et 2023. Il anticipe une croissance en berne, une inflation toujours élevée et un risque de pénurie d'énergie.
«Les perspectives européennes se sont considérablement assombries», affirme le Fonds monétaire international (FMI) dans des prévisions publiées le 23 octobre.
Selon l’institution financière, «l’Europe était sur le point de sortir de la pandémie fin 2021, avec une combinaison de politiques globalement appropriées […], tandis que la hausse de l’inflation était en passe de s’atténuer [mais] la guerre de la Russie en Ukraine et ses retombées ont complètement changé ces perspectives».
Cette analyse est contestée par Moscou qui nie toute responsabilité dans l’augmentation générale des prix, en particulier des denrées alimentaires, pointant notamment du doigt les importantes politiques de relance américaines dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
Les prix de l’énergie ont d’ailleurs flambé dans un contexte de sanctions portées par l’UE, contribuant ainsi à une inflation généralisée qui risque de plomber durablement la consommation et la croissance. Les sanctions occidentales contraignent en effet de nombreux pays à réorganiser leurs approvisionnements, ce qui s’avère à la fois complexe et coûteux.
0,6% de croissance attendu en 2023 pour le continent européen
La croissance sur le continent européen, hors Turquie et pays en conflit, est désormais attendue à 3,2% en 2022 et 0,6% en 2023, soit respectivement 0,7 et 1,1 point de moins que ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions, publiées en juillet.
Quant à l’inflation, elle devrait ralentir en 2023 mais rester très élevée : le FMI attend des hausses de prix de 6,2% dans les économies européennes avancées, et 11,8% dans les économies européennes émergentes.
Pour le FMI : «l’un des principaux risques à court terme est une nouvelle perturbation de l’approvisionnement énergétique qui, combinée à un hiver froid, pourrait entraîner des pénuries de gaz, un rationnement et des difficultés économiques plus profondes».
L’institution estime en outre que «les tensions sociales pourraient s’intensifier en réponse à la crise du coût de la vie» et que cela pourrait pousser les gouvernements à choisir «une politique budgétaire plus expansionniste qui pourrait contraindre les banques centrales à resserrer davantage leur politique monétaire».
«Devant faire face à une combinaison de croissance faible et d’inflation élevée qui pourrait s’aggraver, les décideurs européens sont confrontés à des arbitrages sévères et à des choix politiques difficiles», note encore le FMI.
«Les récessions techniques − au moins deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB − projetées dans certaines parties de l’Europe pourraient se transformer en récessions encore plus profondes à travers le continent», prévient aussi le créancier international.
Enfin, d’autres indicateurs appuient, pour la zone euro, les prédictions du FMI. C’est notamment le cas de l’indice PMI, publié par S&P (ex-Santards & Poor’s), un sondage auprès des directeurs d’achat des entreprises particulièrement suivi qui est tombé à 47,1, son plus bas niveau depuis 23 mois, contre 48,1 en septembre et 48,9 en août.
Il s’affiche en repli pour le quatrième mois consécutif. Un chiffre inférieur à 50 signale une contraction de l’activité, tandis qu’un indice supérieur à ce seuil marque une progression. «L’accélération du repli de l’activité et la dégradation de la demande en octobre préfigurent une contraction de l’économie en zone euro au quatrième trimestre et une récession de l’économie de la région semble de plus en plus inévitable», a prévenu dans une note Chris Williamson, économiste chez S&P Global Market Intelligence.
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