Le ministre saoudien de l'Energie a dénoncé depuis Riyad l’utilisation de réserves pétrolières par les Etats-Unis qui vise selon lui à «manipuler les marchés». A deux semaines d’élections aux Etats-Unis, les prix du pétrole restent un enjeu majeur.
«Les gens épuisent leurs stocks d’urgence, les ont épuisés, les ont utilisés comme un mécanisme destiné à manipuler les marchés alors que leur objectif de base était d’atténuer la pénurie d’approvisionnement», a déclaré le 25 octobre, lors d’une conférence économique à Ryad, le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l’Energie, cité par l’AFP.
«Cependant, il est de mon devoir de faire comprendre au monde que la perte du stock d’urgence pourrait devenir douloureuse dans les mois à venir», a-t-il ajouté.
Même s’il n’a pas nommé les Etats-Unis, c’est Washington, ayant récemment puisé dans ses réserves pour faire baisser le prix du baril, qui était visé par cette diatribe. A Washington, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, s’est refusé à répondre directement au prince saoudien, tout en relevant que puiser dans les réserves stratégiques n’avait d’autre objectif que de répondre à la demande.
«Nous ferons tout ce que nous pouvons pour nous assurer que l’offre est adéquate par rapport à la demande», s’est-il contenter de déclarer à la presse. L’annonce récente de Joe Biden de puiser 15 millions de barils supplémentaires dans les réserves stratégiques s’inscrit dans le cadre d’un programme qui prévoit d’en libérer 180 millions au total pour faire face à la flambée des prix du pétrole depuis la fin de l’année 2021.
Cette annonce a aussi suivi de deux semaines la décision des pays exportateurs de pétrole, Arabie saoudite et Russie en tête, de baisser leurs quotas de production pour soutenir les prix, provoquant l’ire de Washington.
Le prix du baril : un enjeu électoral
L’administration américaine avait alors accusé l’Arabie saoudite de faire le jeu de la Russie. Ryad a démenti, assurant que sa position n’était fondée que sur des considérations économiques.
Après avoir connu une flambée spectaculaire au début du conflit en Ukraine, se rapprochant de 120 dollars le baril, les prix du pétrole ont baissé récemment mais restent à des niveaux élevés : lors du discours du ministre saoudien, le WTI (West Texas intermediate), référence du marché nord-américain, se négociait aux environs de 85 dollars pour les contrats de livraison en décembre. Pour la même période le Brent, référence pour l’Europe, restait au-dessus de 93 dollars. Les deux indices ont depuis très légèrement augmenté d’environ un dollar chacun.
Le prix du carburant à la pompe est un enjeu important pour le président démocrate des Etats-Unis Joe Biden, à deux semaines des élections de mi-mandat, alors que les républicains décrient son bilan face à l’inflation d’environ 10% qui sévit aux Etats-Unis.
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