Le recours à un dispositif spécial face à des tensions sur le réseau électrique apparaît «élevé sur le mois de janvier», selon le gestionnaire français du réseau. En cause : un redémarrage plus lent que prévu des réacteurs à l’arrêt.
Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE a estimé ce 18 novembre qu’il existait désormais un risque «élevé» de tensions sur le réseau électrique français en janvier, en raison du redémarrage de réacteurs nucléaires EDF à l’arrêt plus lent que prévu.
Le risque de recours au dispositif Ecowatt (et en particulier au signal d’alerte rouge) apparaît «élevé sur le mois de janvier mais dépendra largement des conditions climatiques et de la possible survenue d’une vague de froid même modérée», selon l’actualisation mensuelle des Perspectives pour le système électrique publiée par RTE.
Le recours au dispositif Ecowatt signifie que RTE appelle les Français à réduire leur consommation électrique, sous peine de coupures de courant. Et le risque de recours à ce dispositif a augmenté, notamment car la maintenance des réacteurs d’EDF a pris du retard en raison d’une grève.
Seuls de l’ordre de 40 gigawatts (GW) de puissance du parc nucléaire devraient en effet être disponibles début janvier, selon la prévision de RTE, contre 45 GW prévu par RTE le 14 septembre. Cela correspond à environ 65% de la capacité nucléaire installée. EDF, de son côté, prévoyait la semaine dernière dans son calendrier officiel une disponibilité de 48 GW au 1er janvier.
RTE ne mentionne nulle part de risque lié à la situation en Ukraine, mais depuis mars, Kiev a été raccordé en urgence (avec un an d’avance sur ce qui était prévu) au réseau électrique européen. Ce qui signifie que lorsque le réseau local ukrainien est déficitaire, c’est le reste du réseau européen qui compense.
La question du raccordement ukrainien
A l’époque, Volodymyr Kudrytsky le PDG d’Ukrenergo, opérateur public du réseau électrique ukrainien, décrivait via la chaîne YouTube de l’entreprise l’importance de ce raccordement : «C’est une question de sécurité : aujourd’hui même dans un contexte de combat actif de destruction d’infrastructures énergétiques, nous pouvons compter sur un approvisionnement par nos partenaires européens.»
Dans l’éventualité […] d’un incident important sur le réseau ukrainien, l’Europe n’aurait qu’à déconnecter le pays pour éviter une coupure générale de tout le Vieux continent
Dans un article en mars intitulé «Guerre en Ukraine : les enjeux de la connexion du pays au réseau européen», Sciences & Avenir rapportait également les propos de RTE, qui expliquait alors que les échanges de flux ne se feraient qu’en cas de besoin car l’Ukraine était autosuffisante en électricité.
Mais surtout, écrivait Sciences & Avenir en prêtant ces propos à RTE : «Dans l’éventualité […] d’un incident important sur le réseau ukrainien, l’Europe n’aurait qu’à déconnecter le pays pour éviter une coupure générale de tout le Vieux continent.»
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