Présente depuis 2003 à Besançon, une statue de Victor Hugo n'avait jamais rencontré de critiques avant sa restauration controversée. Désormais, la peau de l'écrivain semble noire. La droite s'en émeut, la mairie se défend de toute mauvaise intention.
La révélation de la statue restaurée de Victor Hugo par la ville de Besançon le 18 novembre suscite la polémique. Offerte à la ville natale de l’écrivain par l’artiste sénégalais Ousmane Sow (1935-2016), la statue, installée en 2003, déchaîne désormais les passions. La raison : la couleur de sa peau, différente de celle de la statue initiale avant l’usure de la patine.
Après 20 ans sur l’Esplanade des droits de l’homme, la statue de Victor Hugo par Ousmane Sow a été restaurée ! Pour se rapprocher de l’esprit d’origine, la fonderie Coubertin a opté pour une reprise de patine similaire à l’original. Cette statue est le seul exemplaire existant ! pic.twitter.com/j4meViKWdd
— Ville de Besançon (@villedebesancon) November 18, 2022
Des libertés prises par rapport à l’œuvre originale ?
Interrogée par L‘Est Républicain, la veuve de l’artiste, Béatrice Soulé, a dénoncé le travail réalisé : «Le visage original était de couleur chair. On dirait un Victor Hugo noir, ce qui n’a jamais été l’intention d’Ousmane», a-t-elle assuré. La barbe de l’écrivain aurait été aussi plus subtilement colorée à l’origine. Elle a en outre précisé au quotidien régional ne pas avoir été consultée par Besançon pour cette restauration controversée.
L’ancien maire de Besançon Jean-Louis Fousseret, présent à l’inauguration de la statue en 2003, partage cet avis : «Ousmane Sow, qui a été l’une des grandes rencontres de ma vie, a voulu ce Victor Hugo comme il était lors de son inauguration. Et la couleur était assez différente de ce que l’on voit maintenant», a noté l’ex-édile, issu du parti présidentiel.
Certaines personnalités de droite n’ont pas tardé à s’emparer de cette histoire, y voyant une volonté délibérée de la mairie, faisant écho aux polémiques passées sur le blackface et les attaques sur les statues de personnages historiques, un des modes d’action des activistes woke.
«La mairie EELV de Besançon pratique donc le blackface en toute impunité sur Victor Hugo ? Où sont les associations anti-racistes pour le dénoncer ? », a écrit l’ex-cadre des Républicains Lydia Guirous.
La Mairie EELV de Besançon pratique donc le « blackface » en toute impunité sur Victor Hugo ?
Où sont les associations anti-raciste pour le dénoncer? #VictorHugo#Besancon#blackface#EELV#Nupes#woke#CancelCulturehttps://t.co/WCPUPdcaIN— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) November 19, 2022
L’eurodéputé et membre de Reconquête Gilbert Collard a estimé pour sa part qu’avec «la folie woke des Verts, les statues vont en voir de toutes les couleurs».
La mairie EELV de Besançon érige une statue de Victor Hugo noir contre la volonté de la veuve de l'artiste : Avec la folie woke des verts, les statues vont en voir de toutes les couleurs !https://t.co/0w9y0ymaAe
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) November 19, 2022
La ville affirme ne pas avoir souhaité s’éloigner de la vision de l’artiste
Pourtant, la ville affirme ne pas avoir souhaité s’éloigner de la vision de l’artiste : «Pour se rapprocher de l’esprit d’origine, la fonderie Coubertin [ancienne collaboratrice d’Ousmane Sow] a opté pour une reprise de patine similaire à l’original. Cette statue est le seul exemplaire existant», explique-t-elle dans un tweet.
Après 20 ans sur l’Esplanade des droits de l’homme, la statue de Victor Hugo par Ousmane Sow a été restaurée ! Pour se rapprocher de l’esprit d’origine, la fonderie Coubertin a opté pour une reprise de patine similaire à l’original. Cette statue est le seul exemplaire existant ! pic.twitter.com/j4meViKWdd
— Ville de Besançon (@villedebesancon) November 18, 2022
Un communiqué de la mairie cité par Valeurs actuelles précise que le sculpteur n’était «pas favorable aux “simples” bronzes», mais au contraire «aimait les couleurs».
Décédé en 2016, Ousmane Sow a été le premier artiste noir à entrer à l’Académie française des beaux-arts. Il a désormais une place à son nom à Paris et une rue à Besançon. En 2019, la maire de Paris Annie Hidalgo a inauguré une de ses sculptures en bronze, le Couple de lutteurs corps à corps, sur la place de Valois à proximité du Louvre.
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