La ministre de la Défense allemande a proposé à Varsovie de consolider sa défense anti-aérienne au moyen de ces armes de fabrication américaine. Elle a invoqué le précédent de la chute sur un village polonais d'un missile vraisemblablement ukrainien.
L’Allemagne a proposé le 21 novembre de renforcer les défenses aériennes de la Pologne à la suite de l’incident mortel survenu le 15 novembre, au cours duquel un missile perdu – vraisemblablement ukrainien – a tué deux civils dans le village de Przewodów. La ministre allemande de la défense, Christine Lambrecht, a déclaré que Berlin était prêt à fournir des avions de chasse et des batteries de défense aérienne Patriot.
Renforcement militaire sur le flanc oriental de l’OTAN
«Nous avons proposé à la Pologne de l’aider à sécuriser [son] espace aérien – avec nos Eurofighters et nos systèmes de défense aérienne Patriot», a annoncé la ministre dans une interview accordée aux journaux allemands Rheinische Post et General-Anzeiger.
Elle a expliqué que Berlin a déjà déployé ces armes de conception américaine en Slovaquie, pays dans lequel le gouvernement du chancelier Olaf Scholz prévoit de maintenir des équipements jusqu’à la fin de 2023, et «peut-être même au-delà». Selon Reuters, l’Allemagne dispose de 12 lanceurs Patriot, dont deux sont stationnés en Slovaquie. La ministre a également plaidé en faveur d’un renforcement des défenses antiaériennes d’autres Etats membres de l’OTAN, notamment en Slovaquie et dans les Etats baltes.
Sur Twitter, le ministre polonais de la Défense Mariusz Blaszczak a publié un message indiquant que Varsovie «a accepté avec satisfaction l’offre de la ministre allemande de la Défense de déployer des lanceurs Patriot supplémentaires», et précisé que son pays avait l’intention de déployer ces systèmes de défense à sa frontière avec l’Ukraine.
Le 16 novembre, le porte-parole du ministère allemand de la Défense Christian Thiels avait déjà fait savoir que Berlin était prêt à offrir à son voisin des patrouilles aériennes constituées d’«Eurofighters allemands», sans préciser le nombre d’appareils concernés. Il avait toutefois indiqué que les avions n’auraient pas à être déplacés sur le sol polonais, dans la mesure où ils pourraient effectuer leurs missions directement depuis des bases allemandes.
Quelques jours après cette déclaration, le chancelier Olaf Scholz a exprimé son inquiétude de voir se produire une «escalade qui conduirait à une guerre entre la Russie et l’OTAN», tout en réaffirmant sa volonté de fournir une assistance militaire conséquente à Kiev, puisque Berlin lui a promis près d’un demi-milliard d’euros de livraisons d’armements en août dernier.
Pour rappel : après la chute d’un missile à Przewodów en Pologne le 15 novembre, le ministère russe de la Défense avait indiqué avoir mené «une frappe massive avec des armes de haute précision» contre une série de cibles en Ukraine, tout en soulignant que ces frappes avaient «été effectuées uniquement sur des cibles situées sur le territoire de l’Ukraine et à une distance d’au moins 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise».
Et, d’après l’analyse des photographies des restes du missile publiées par la Pologne, les experts militaires russes ont conclu que ceux-ci appartenaient à un «missile guidé antiaérien du complexe de défense aérienne S-300 des forces armées ukrainiennes».
Malgré les mises au point d’une série de responsables occidentaux, à commencer par celles du président polonais qui avait lui-même jugé «hautement probable» qu’il s’agisse d’un projectile anti-aérien ukrainien, les autorités de Kiev, Volodymyr Zelensky en tête, ont maintenu qu’un missile russe était en cause.
Sans infirmer la version polonaise, les Etats-Unis ont quant à eux estimé que la Russie portait la «responsabilité ultime» de la chute du projectile. Celle-ci a dénoncé l’expression d’une «hystérie antirusse» de la part d’une série de responsables polonais à l’occasion de cet incident, et a prévenu qu’elle insisterait auprès de Varsovie pour que celle-ci publie toutes les informations sur l’origine du tir.
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