Selon le ministre de l'Economie, les impacts du conflit ukrainien sur les prix des énergies seront d'une ampleur semblable à celle de la crise de 1973. Il a précisé que l'Etat ne serait pas capable de compenser intégralement ce choc pour les ménages.
La crise énergétique actuelle, marquée par une flambée des prix, est «comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973» a affirmé le 9 mars le ministre de l’Economie, en écartant dans le même temps l’hypothèse d’un nouveau «quoi qu’il en coûte». Un deuxième plan massif d’aides publiques, sur le modèle de celui mis en oeuvre pendant la crise du Covid-19, «ne ferait qu’alimenter l’augmentation des prix», a expliqué Bruno Le Maire en préambule d’une conférence sur l’indépendance énergétique européenne, notamment par rapport à la Russie.
«Cela reviendrait à jeter de l’essence sur l’incendie», a encore estimé le ministre, prenant également exemple sur la stratégie qui avait été adoptée face au choc pétrolier de 1973. «En 1973, cette réponse a provoqué le choc inflationniste que vous connaissez, conduit les banques centrales à augmenter massivement les taux, ce qui avait tué la croissance», a-t-il affirmé. «Cela porte un nom, la stagflation, c’est précisément ce que nous ne voulons pas revivre en 2022», a-t-il estimé.
L’intervention russe en Ukraine a entraîné une explosion des cours du pétrole et du gaz sur la planète, le premier évoluant actuellement largement au-dessus de 120 dollars, non loin de ses records historiques, tandis que le second a franchi des niveaux inédits.
La bonne réponse que nous connaissons c’est l’indépendance totale
L’Europe est actuellement extrêmement dépendante de l’énergie russe et tente de trouver la parade pour les prochains mois, au moment où les cours grimpent et où le conflit ukrainien rebat complètement les règles des échanges commerciaux avec Moscou, sur fond de sanctions économiques massives.
«La bonne réponse que nous connaissons c’est l’indépendance totale», a affirmé Bruno Le Maire, égrenant les pistes françaises et européennes qui passeraient notamment par la constitution de davantage de réserves de gaz pour l’hiver prochain, la diversification des approvisionnements et la protection des ménages modestes et des entreprises touchées.
Sur le dernier point, le gel des prix du gaz en France qui va être étendu à la totalité de l’année, coûtera «au moins» 10 milliards d’euros selon le ministre, tandis que la facture totale du soutien à l’énergie cette année se chiffrera à au moins 20 milliards d’euros. «Il y a fort à parier qu’elle sera plus élevée», a jugé Bruno le Maire, qui a prévenu que «l’Etat ne peut pas être l’assureur en dernier recours de l’augmentation tous les prix de l’énergie». Le choc pétrolier évoqué par le ministre, découlant de l’embargo décidé par les pays producteurs de pétrole en réaction à la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins, avait entraîné un quadruplement du prix du baril d’octobre 1973 à mars 1974, et ses effets s’étaient fait ressentir sur plusieurs années.
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