L'Ukraine n'a pas apprécié que Viktor Orban arbore, à l'occasion d'un match de football, une écharpe montrant une carte ancienne de la Hongrie, englobant des territoires appartenant aujourd'hui à l'Ukraine et à d'autres pays d'Europe.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères s’est indigné le 22 novembre d’images publiées sur les réseaux sociaux du Premier ministre hongrois, venu à la rencontre de la sélection nationale de football le 20 novembre à l’occasion d’un match amical contre la Grèce.
Sur une photo et une vidéo, on voit en effet le dirigeant arborer une écharpe qui au premier coup d’œil semble anodine, mais montre une carte de la Hongrie antérieure à la Première guerre mondiale qui englobe des territoires appartenant actuellement à l’Ukraine mais aussi à la Roumanie, la Serbie, la Croatie, l’Autriche, la Slovénie. Des Hongrois ethniques se trouvent encore de nos jours présents sur ces anciens territoires.
Le football n’est pas la politique, ne voyons pas ce qui n’est pas là
«La promotion des idées révisionnistes en Hongrie ne contribue pas au développement des relations ukraino-hongroises et n’est pas conforme aux principes de la politique européenne», a déclaré le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko. Le ministère roumain des Affaires étrangères avait la veille aussi fait connaître sa désapprobation face à un «geste révisionniste», «à contre-courant des réalités».
«Le football n’est pas la politique, ne voyons pas ce qui n’est pas là», a pour sa part rétorqué Viktor Orban sur Facebook. Avant d’ajouter néanmoins : «L’équipe nationale de Hongrie est celle de tous les Hongrois, où qu’ils vivent».
Une protestation qui en cache d’autres ?
Kiev a rapidement convoqué l’ambassadeur hongrois. Cette polémique s’ajoute aux mauvaises relations qu’entretiennent ces derniers temps Kiev et Budapest, en raison de l’hostilité des dirigeants hongrois aux sanctions, notamment énergétiques, contre la Russie, et de leur position conciliatrice au sein de l’Union européenne.
Le Premier ministre hongrois a notamment qualifié le 18 novembre les sanctions de Bruxelles contre Moscou de «pas vers la guerre» et de «dangereuses». Viktor Orban s’oppose également, sur fond de désaccords avec l’Union européenne sur sa politique intérieure, à la proposition de la Commission européenne d’accorder à l’Ukraine une aide de 18 milliards d’euros pour 2023, sous forme de prêts dont les intérêts seraient pris en charge par les Etats membres. Il propose plutôt des prêts accordés par chacun des pays dans des accords bilatéraux.
Autre point de friction récent, les déclarations du président ukrainien Zelensky ayant accusé la Russie d’avoir visé la Pologne avec un missile. Une accusation qui s’est avérée fausse, mais qui aurait pu avoir des conséquences tragiques entre la Russie et l’Otan. «Dans une telle situation, les dirigeants mondiaux s’expriment de manière responsable», avait alors admonesté Gergely Gulyas, chef de cabinet du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
La Hongrie avait par ailleurs refusé dans les premiers instants de l’opération spéciale russe en Ukraine que des armes létales transitent par son territoire pour rejoindre l’Ukraine, ce qui lui avait été reproché par les dirigeants ukrainiens.
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