Le porte-parole du Kremlin a défendu l'Eglise orthodoxe russe, victime selon lui d'une «guerre» menée par l'Ukraine, alors qu'un important monastère relevant du Patriarcat de Moscou a été perquisitionné à Kiev par les renseignements ukrainiens.
Interrogé ce 22 novembre, Dmitri Peskov a décrit la perquisition menée par les services de renseignements ukrainiens (SBU) à la Laure des Grottes de Kiev, un important édifice religieux relevant du Patriarcat de Moscou, comme un nouvel épisode de la guerre menée contre l’orthodoxie russe.
«En fait, la partie ukrainienne mène depuis longtemps la guerre à l’Eglise orthodoxe russe. Je pense que cet incident doit être considéré comme un autre maillon de la chaîne de ces actes d’hostilité envers l’Eglise orthodoxe russe», a-t-il déploré.
The Security Service of Ukraine conducts a search in Kyiv-Pechersk Lavra
The territory of the monastery has been cordoned off, the special services are checking the premises of the lavra.
Earlier, the SSU opened a criminal case on "justifying the military aggression of Russia". pic.twitter.com/L62OfMAz8Z
— NEXTA (@nexta_tv) November 22, 2022
Le service de presse du Patriarcat de Moscou a quant à lui dénoncé un «acte d’intimidation» envers les croyants ukrainiens. «Nous prions pour nos compagnons croyants […], qui deviennent victimes de l’anarchie, et nous appelons toutes les personnes bienveillantes à faire tout leur possible pour que cette persécution s’arrête», a-t-il écrit dans un communiqué.
Comme le rappelle l’agence TASS, le 13 novembre, le SBU avait ouvert une enquête pénale concernant l’interprétation présumée de «chants» évoquant la Russie dans l’une des églises de la Laure.
Fouilles à l’entrée
Sur Telegram, le SBU a qualifié l’opération de mesure de «contre-espionnage» avec l’objectif affiché de «contrer les activités subversives des services spéciaux russes en Ukraine». La perquisition a été menée «conjointement avec la police nationale et la garde nationale».
Ces mesures sont réalisées pour empêcher l’utilisation [du monastère] comme centre du “monde russe”.
Des pèlerins pouvaient entrer prier, après avoir néanmoins décliné leur identité et montré le contenu de leur sac à des agents armés et habillés en tenue kaki.
Les services de sécurité ukrainiens ont déclaré «effectuer des contrôles sur les personnes […] concernant leur implication dans des activités illégales au détriment de la souveraineté de l’État ukrainien». «Ces mesures sont réalisées pour empêcher l’utilisation [du monastère] comme centre du “monde russe”», ont-ils ajouté, sans donner plus de détails.
Deux autres monastères perquisitionnés
Le SBU a indiqué sur Facebook avoir mené une descente similaire dans deux monastères et au diocèse local de la région de Rivné (nord-ouest du pays).
La Laure des Grottes de Kiev est le plus ancien monastère d’Ukraine. Elle a été fondée au XIe siècle et son site actuel couvre plus de 20 hectares dans la capitale ukrainienne. Ce site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1990.
Le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier a officialisé le 6 janvier 2019 le schisme entre l’Eglise orthodoxe russe et celle d’Ukraine. En octobre 2018, il avait déjà annoncé la reconnaissance de l’Eglise d’Ukraine, mettant fin à 332 ans de tutelle du Patriarcat de Moscou dans le pays. Jusqu’à présent, le Patriarcat de Kiev, autoproclamé après l’indépendance du pays en 1992, n’était reconnu par aucune Eglise orthodoxe dans le monde.
Le Patriarcat de Moscou, qui possède un grand nombre de paroisses dans le pays, avait dénoncé ce schisme et redouté des actions violentes ou juridiques pour le déposséder au profit de l’Eglise d’Ukraine.
Visite du Patriarche Bartholomée aux Etats-Unis : une ingérence américaine dans l’Eglise orthodoxe