Les dirigeants militaires et des organisations civiles ont signé un premier accord censé mettre fin à la crise profonde que vit ce pays depuis le coup d'Etat d'octobre 2021. A peine annoncé, l'accord est déjà contesté par plusieurs parties.
Le Soudan se dirige-t-il vers une sortie de crise durable ? Ce 5 décembre, les militaires au pouvoir et civils ont signé un premier accord visant à mettre fin à la profonde crise politique qui secoue ce pays pauvre d’Afrique du nord-est depuis le putsch d’il y a un peu plus d’un an.
L’accord intervient après de multiples tentatives pour sortir de l’impasse depuis que le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, a pris le pouvoir et évincé les dirigeants civils.
Arrivé au pouvoir, il avait alors mis fin au Conseil de souveraineté, l’organe de transition mis en place depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019, et décrété l’état d’urgence dans tout le pays. Depuis, des manifestations quasi hebdomadaires ont lieu dans ce pays frappé par une crise économique et une montée de la violence inter-ethnique.
L’accord cadre a été signé par le général Burhane, le commandant paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo ainsi que plusieurs groupes civils, notamment les Forces pour la liberté et le changement (FFC) qui avaient été évincées lors du coup d’Etat. Le document a été négocié en présence de responsables des Nations unies, de diplomates occidentaux ainsi que d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, selon la FFC.
La signature s’est déroulée en présence du représentant spécial de l’ONU, Volker Perthes, et celui de l’Union africaine, Mohamed Belaish.
Le général Burhane avait promis il y a plusieurs mois un retrait de l’armée du pouvoir pour permettre aux groupes politiques de former un gouvernement civil, alors que les manifestations anti-putsch ont fait au mois 120 morts depuis un an.
Un accord déjà contesté
L’accord a été annoncé à l’issue d’une réunion le 2 décembre entre les Forces pour la liberté et le changement et d’autres groupes politiques avec de hauts responsables militaires, en présence de responsables de l’Union africaine, de l’ONU, de l’IGAD, ainsi que de diplomates occidentaux. Il constitue la première étape d’un processus politique en deux phases. Dans un premier temps, «l’accord cadre jette les bases de l’établissement d’une autorité civile de transition», ont indiqué les FFC, notant que d’autres groupes civils l’avaient également signé.
La deuxième phase comprend un accord final traitant de questions telles que la justice transitionnelle et les réformes de l’armée, phase qui devrait être achevée «d’ici quelques semaines», selon un communiqué des FFC.
Des militants opposés à «toute négociation, tout partenariat» avec l’armée depuis le coup d’Etat ont appelé à des manifestations de masse contre l’accord. Les principaux anciens dirigeants rebelles, qui ont signé la paix avec le Soudan en 2020 et soutenu l’armée après le coup d’Etat, ont également exprimé leur opposition à l’accord.
Le porte-parole de l’ex-mouvement rebelle Justice et Egalité, Mohamed Zakaraia, a vivement critiqué l’accord dans une déclaration à l’AFP, estimant qu’il entraînerait «des conséquences désastreuses et compliquerait davantage la vie politique».
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