Selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, le plafonnement du prix du pétrole n'aura aucune répercussion pour Moscou, qui a d'autres acheteurs. Il pourrait en revanche entraîner une fragmentation accrue de l'économie mondiale.
Si l’entrée en vigueur du plafonnement du prix du pétrole est présentée par les Occidentaux comme une arme significative dans l’arsenal des mesures de rétorsion adoptées contre Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a sérieusement mis en doute son efficacité. «Je ne doute pas que notre production trouvera des acheteurs», a-t-il déclaré à la presse ce 6 décembre, alors que la réorientation des exportations russes vers d’autres clients a déjà débuté, en particulier en direction de la Chine.
Les Etats-Unis scient la branche sur laquelle ils sont assis
D’après lui, le recours au plafonnement des prix du pétrole aura plutôt pour conséquence d’affecter les mécanismes de l’économie mondiale. «En recourant à de tels outils et en contraignant leurs propres alliés à suivre leurs décisions, les Etats-Unis scient la branche sur laquelle ils sont assis», a-t-il estimé, jugeant que cette mesure allait à l’encontre des règles de la mondialisation et du fonctionnement normal du marché.
«En quête de moyens pour nous compliquer la vie et mettre la Russie sous pression, ils enfreignent le b.a.-ba du fonctionnement de l’économie mondiale», a assuré le vice-ministre. D’après lui, des mesures telles que ce plafonnement risquent d’accélérer la fragmentation du marché mondial, qui pourrait devenir une réalité. Se disant confiant en ce qui concerne l’économie russe, Sergueï Riabkov a en revanche pronostiqué un retour de bâton pour les initiateurs du plafonnement du prix du pétrole. «Ils verront finalement leurs plans tomber à plat et finiront par être confrontés […] à l’instabilité, à des prix volatils et à l’imprévisibilité», a-t-il estimé.
Le 5 décembre, jour de l’entrée en vigueur de cette nouvelle sanction occidentale, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a tenu des propos similaires en affirmant que ces mesures «affecteront bien évidemment la stabilité du marché énergétique mondial, provoquant une déstabilisation totale», sans parvenir pour autant à affecter le financement de l’opération militaire russe en Ukraine. Il a également fait savoir que Moscou était en train de préparer ses propres mesures de rétorsion.
Le mécanisme de plafonnement prévoit donc que seul le pétrole vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril pourra continuer à être livré, et qu’au-delà, il sera interdit pour les entreprises basées dans les pays de l’UE, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc.). L’activation de ce plafonnement coïncide en outre avec l’entrée en vigueur d’un embargo de l’UE sur le pétrole russe acheminé par voie maritime, plusieurs mois après l’embargo déjà décidé par les Etats-Unis et le Canada. La Russie étant le deuxième exportateur mondial de brut, les Occidentaux estiment que sans ce plafond, il serait facile pour Moscou de trouver de nouveaux acheteurs au prix du marché.
Prix du pétrole plafonné : une «déstabilisation» sans impact sur le conflit ukrainien, selon Moscou