Dans le sillage de la Fed, le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a annoncé une nouvelle hausse de ses taux directeurs. A hauteur de 50 points de base, elle est moins brutale que les précédentes.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé dans un communiqué diffusé ce 15 décembre une hausse de 50 points de base (0,50 point de pourcentage) de ses trois taux directeurs. Ainsi, à partir du 21 décembre, le MRO (Main refinancing operations) qui correspond au taux de prêt à long terme passera à 2,5%, le MLF (Marginal lending facility) à 2,75% pour les prêts à court terme, et la facilité de dépôt (rémunération des dépôts bancaires sur un compte de la BCE) à 2%.
Cette hausse des taux n’est en outre pas la dernière. Dans un avenir plus ou moins proche, l’institution monétaire prévoit, «sur la base de la révision à la hausse significative des perspectives d’inflation, de continuer à les relever […] afin d’atteindre des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l’inflation vers l’objectif de 2% à moyen terme».
Dans son communiqué, la BCE annonce aussi la fin progressive de son programme d’achats d’actifs publics (dette d’Etat) et privés (notamment obligations d’entreprises) à partir de mars 2023, et précise que «cette réduction sera de 15 milliards d’euros par mois en moyenne jusqu’à la fin du deuxième trimestre 2023».
La nouvelle hausse des taux de 50 points de base, fait suite à deux hausses successives de 75 points en septembre et octobre, et correspond aux anticipations de la majorité des analystes ou acteurs financiers. Le patron de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, avait par exemple prédit, il y a dix jours, que la BCE sifflerait ce qu’il appelait la fin de la «première mi-temps» ou en langage clair, la fin de la première série de hausses brutales des taux directeurs.
Dans la roue de la Fed
Le 14 décembre, la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) a procédé elle-même à une hausse de 50 points de base dans une nouvelle phase de son action contre les hausses de prix. Or, toute hausse d’intérêt de la Fed créant un appel financier au détriment de la zone euro et une appréciation du billet vert face à la devise européenne, il était probable que la BCE suive.
La Banque d’Angleterre a elle aussi relevé ses taux de référence d’un demi-point de pourcentage, à 3,5%, le niveau le plus élevé en 14 ans. C’est la neuvième augmentation consécutive depuis décembre 2021, et elle fait suite à une hausse de 75 points de base, la plus importante en 30 ans.
Dans son communiqué, la BCE, s’appuyant sur les données d’Eurostat, a également révisé à la hausse ses prévisions pour l’inflation qui devrait s’élever à 6,3% l’an prochain, contre 5,5% prévu précédemment, avant de décliner à 3,4% en 2024 et 2,3% en 2025, proche des 2% visés à terme.
L’institut monétaire basé à Francfort en Allemagne a également révisé ses prévisions de croissance du produit intérieur brut moyen, à la baisse cette fois, à 0,5% en 2023, (contre 0,9% prévu en septembre), puis 1,9% en 2024 et 1,8% en 2025.
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