La délégation européenne au Pérou a dénoncé le recours à la violence au cours des manifestations qui secouent le pays, le bilan dépassant désormais une vingtaine de morts. La tenue d'élections anticipées reste en suspens.
L’Union européenne a demandé le 19 décembre au nouveau gouvernement péruvien de respecter les droits humains alors qu’au moins 21 personnes sont mortes au cours de manifestations où s’affrontent les partisans du président destitué Pedro Castillo et les forces de l’ordre.
«L’UE condamne tout recours à la violence et à l’usage excessif de la force», indique un communiqué de la délégation européenne au Pérou posté sur Twitter. La représentation de l’UE se dit «très préoccupée par les informations selon lesquelles [une vingtaine] de civils ont été tués jusqu’à présent, dont certains avec des armes à feu».
Le bilan est passé de 20 à 21 morts après des échauffourées en marge de manifestations à Chala, dans la région d’Arequipa (sud), ont annoncé les autorités péruviennes, le 19 décembre également. Des affrontements ont eu lieu lors des manifestations à travers plusieurs villes du pays entre forces de l’ordre et protestataires, la police ayant fait usage d’armes à feu en plus du gaz lacrymogène. 646 personnes auraient été blessées au total, dont 290 policiers, selon un bilan obtenu par l’AFP.
L’UE exhorte Boluarte à respecter «l’Etat de droit et les droits de l’homme»
Les manifestants exigent la libération du président de gauche Pedro Castillo, destitué par le Parlement dont il avait auparavant prononcé la dissolution. Ils réclament également la démission de celle qui lui a succédé, Dina Boluarte. Celle-ci a déjà annoncé qu’elle ne partirait pas, mais que des élections générales anticipées auraient lieu.
La diplomatie européenne a appelé la nouvelle présidente à «garantir la stabilité politique et aborder la crise dans le respect de l’ordre constitutionnel, de l’Etat de droit et des droits de l’homme». L’UE a fait valoir que «tous les acteurs politiques et la société civile» doivent privilégier le dialogue pour mettre fin à la violence.
Le mouvement de protestation a éclaté après que Pedro Castillo a tenté de dissoudre le Parlement le 7 décembre pour proclamer l’état d’urgence. Il a été arrêté alors qu’il tentait de rejoindre l’ambassade du Mexique pour y demander l’asile. Le 18 décembre, Dina Boluarte a fait savoir que l’épouse de Pedro Castillo, ainsi que leurs enfants, avaient demandé l’asile au Mexique. Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a renouvelé son soutien au président destitué et annoncé qu’il était prêt à accueillir ses proches. D’autres chefs d’Etats de gauche ont exprimé leur soutien à Pedro Castillo, dont le président colombien Gustavo Petro, qui a qualifié de «scandale» le maintien en détention du président déchu.
Le Parlement péruvien doit voter à nouveau ce 20 décembre sur la tenue d’élections anticipées dès 2023, qui n’avait pas obtenu la semaine dernière les votes nécessaires. La mesure serait pourtant soutenue par une très large majorité de citoyens, 83% selon les derniers sondages.
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