Décidé à relancer l'intégration régionale tous azimuts, le président du Brésil Lula Da Silva a estimé qu'il était «urgent et hautement indispensable» que le Mercosur conclue un accord de libre-échange avec l'Union européenne.
Le 25 janvier, lors d’une visite en Uruguay qui a entamé des négociations commerciales avec Pékin, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a jugé «urgent et hautement indispensable» que le Mercosur conclue un accord de libre-échange avec l’Union européenne (UE) avant d’avancer dans des négociations avec la Chine.
«Nous allons intensifier nos discussions avec l’UE et signer cet accord afin de pouvoir immédiatement discuter d’un accord entre la Chine et le Mercosur. Je crois que c’est possible», a déclaré Lula, qui a entamé le 1er janvier son troisième mandat à la tête de la première économie d’Amérique latine, à l’issue d’une rencontre à Montevideo avec son homologue uruguayen, Luis Lacalle Pou.
Deux décennies de négociations
Le projet d’accord de libre-échange entre l’UE les pays sud-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), conclu en juin 2019 après vingt ans de négociations, n’a jamais été ratifié et suscite une vague de critiques en Europe, notamment de la part du secteur agricole et des écologistes. Négocié par la Commission européenne au nom des pays de l’UE, le traité ne sera définitivement entériné qu’après avoir été ratifié par les parlements de tous les 27 Etats membres.
Le président uruguayen a rétorqué que malgré les négociations en cours entre l’Uruguay et la Chine, «il n’y a[vait] aucun obstacle à informer le Brésil, l’Argentine, de ce qui [était] en train de se négocier». Les négociations de Montevideo avec Pékin, ainsi que sa demande d’adhésion au Partenariat Trans-Pacifique global et progressiste (CPTPP) sans le consentement de ses partenaires du Mercosur, ont généré des tensions entre membres. Le président Lacalle Pou a toutefois tenu à rassurer ses partenaires, soulignant que l’Uruguay appartient au Mercosur, bloc d’intégration économique d’Amérique du Sud qui représente un marché de 300 millions de personnes, et que «cette vocation [restait] inchangée».
Une quinzaine de chefs d’Etat et de gouvernements d’Amérique latine étaient réunis le 24 janvier en sommet à Buenos Aires. A cette occasion, Lula a insisté su l’importance, selon lui, de «renforcer» l’intégration régionale. «Le Brésil est de retour dans la région», a lancé son président à l’occasion de ce VIIe sommet de la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac, 33 pays membres), que le géant sud-américain a formellement réintégré, trois ans après que Jair Bolsonaro, l’ex-président de droite, l’en a sorti. «Le Brésil est prêt à travailler côte à côte avec vous tous», a poursuivi le dirigeant de gauche de 77 ans, qui trois semaines après le début de son troisième mandat (après deux de 2003 à 2010), avait choisi son voisin et allié, l’Argentine, et l’Amérique latine pour sa première sortie à l’international.
Au cours des derniers jours, Lula s’est engagé à relancer l’intégration tous azimuts «bilatéralement, dans le Mercosur, dans l’Unasur, dans la Celac». Citant ainsi une union douanière (le Mercosur, avec Argentine, Uruguay, et Paraguay) récemment au bord du déchirement, et une moribonde «Union sud-américaine» (Unasur) créée en 2008 à son initiative et celle du Vénézuélien Hugo Chavez. Ces appels à l’intégration régionale ont été assortis à Buenos Aires de mises en garde, à la lumière des menaces pesant sur les institutions, comme l’assaut de bolsonaristes sur les sièges de pouvoir à Brasilia le 8 janvier.
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