Face à la dernière vague de sanctions anti-russes, qui ciblent notamment la maison-mère des chaînes RT, RT DE Productions met fin à ses activités en Allemagne. Elle dénonce une trahison des «droits et libertés fondamentaux» dont se targue l'UE.
RT DE Productions a annoncé ce 3 février l’arrêt de ses activités journalistiques en Allemagne. Le contenu et les reportages de RT DE resteront toutefois disponibles sur le site de RT en allemand, a précisé la société de production.
En cause : la multiplication des sanctions anti-russes de l’UE liées au conflit ukrainien, qui incluent des mesures de censure contre les médias russes. «Nous regrettons donc profondément les restrictions répressives imposées à la liberté de la presse et des médias au sein de l’UE qui nous ont contraints à prendre cette décision», déplore RT DE Productions dans un communiqué. Et d’ajouter : «En tant que société de production basée en Allemagne, RT DE Productions GmbH a subi d’immenses pressions de la part du gouvernement, de médias, d’entreprises et autres qui ont tenté de restreindre son travail journalistique et de faire taire les voix qu’elle fait entendre.»
La liberté de la presse n’existe plus en Allemagne
«Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli. Même après l’interdiction de diffusion de mars 2022, le personnel s’est fié à la promesse de l’UE selon laquelle “les mesures de sanction n’empêchent pas ces médias et leur personnel d’exercer des activités autres que la diffusion dans l’Union, telles que des enquêtes et des interviews”», explique RT DE. Or, avec l’entrée en vigueur du neuvième paquet de sanctions anti-russes en décembre 2022, impliquant des sanctions contre la maison-mère des médias RT, «l’UE a une nouvelle fois trahi les droits et libertés fondamentaux inscrits dans la Charte des droits fondamentaux et la Loi fondamentale allemande, comme le droit au travail, la liberté d’expression et la liberté de la presse». En autorisant des sanctions contre la liberté médiatique, «l’UE a montré que [les] valeurs, qui sont censées être au cœur de son existence, sont dénuées de tout fondement», juge RT DE. Avant de conclure : «La liberté de la presse n’existe plus en Allemagne.»
Censures européennes à répétition
Pour rappel, peu après le déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, la Commission européenne avait invoqué la nécessité de couper tous les canaux de diffusion (satellite, Web et réseaux sociaux) en Europe de «la machine médiatique du Kremlin» représentée, selon elle, par les différentes déclinaisons des médias RT et Sputnik – dont RT France et RT en allemand. Or, l’UE n’a pas été en mesure, pour appuyer cette décision, de citer la moindre fake news dont se seraient rendus coupables ces médias.
La nouvelle salve de sanctions anti-russes, adoptée fin décembre, cible notamment la maison-mère des chaînes RT et a conduit le Trésor français à geler les comptes de RT France, compromettant son activité journalistique.
Avant même cette censure au niveau de l’UE, des plateformes de partages de contenus américaines avaient imposé des restrictions à certaines déclinaisons de RT : fin septembre 2021 par exemple, YouTube avait supprimé la chaîne de RT en allemand, invoquant des «violations graves ou répétées» des règles de la communauté. Cette mesure, avait alors dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères, s’inscrivait dans le cadre d’une «agression» permanente contre le média, avec l’approbation tacite de Berlin.
«Un acte d’agression» : Moscou réagit à la suppression de la chaîne RT en allemand sur YouTube