Le très médiatique écrivain français a rencontré et apporté son soutien à Maxim Marchenko, qui a pendant deux ans commandé le bataillon de volontaires ukrainiens Aïdar, accusé de crimes de guerre dans le Donbass par Amnesty International.
Le 15 mars, l’écrivain français Bernard-Henri Lévy a revendiqué s’être affiché avec Maxim Marchenko, actuel gouverneur de la région d’Odessa. Ce dernier a dirigé pendant deux ans le bataillon Aïdar, une unité militaire ukrainienne accusée d’avoir commis des crimes de guerre dans le Donbass.
Dans une publication sur Twitter accompagnée de plusieurs hashtags – l’un d’eux signifiant «dénazifier Poutine» – Bernard-Henri Lévy s’est exprimé en ces termes : «Oui, bien sûr, je suis avec le gouverneur Maxim Marchenko. Un homme courageux. Je l’ai rencontré dans les tranchées du Donbass, où il combattait les chiens de guerre de Poutine qui attaquaient l’Ukraine. Aujourd’hui, il défend Odessa. Donc l’Europe et les valeurs démocratiques».
Yes, of course, I am with Governor Maxim #Marchenko . Brave man. I met him in the trenches of #Donbass, where he fought #Putin’s war dogs attacking #Ukraine. Today, he defends #Odessa. Therefore Europe and democratic values. #StandWithUkraine#zelenskyyua#DenazifyPutinpic.twitter.com/KgGNPYU50P
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) March 15, 2022
Le colonel Maxim Marchenko a été nommé gouverneur de l’oblast (région) d’Odessa, au sud-est de l’Ukraine, le 1er mars 2022. De 2015 à 2017, il avait occupé le poste de commandant du bataillon Aïdar, une unité militaire spéciale formée de volontaires ukrainiens intégrée à l’armée de terre ukrainienne. Ce bataillon avait été créé en 2014 pour mater l’insurrection des séparatistes de l’est ukrainien, qui refusaient de reconnaître les nouvelles autorités de Kiev, issues du coup d’Etat du Maïdan.
Un bataillon de volontaires accusés d’exécutions, d’enlèvements, de vols…
Cette même année, un rapport d’Amnesty International intitulé «Ukraine : Abus et crimes de guerre commis par le bataillon de volontaires Aïdar dans le nord de la région de Lugansk» déclarait que les membres de ce bataillon avaient «été impliqués dans des abus généralisés, notamment des enlèvements, des détentions illégales, des mauvais traitements, des vols, des extorsions et possiblement des exécutions». En introduction de ce rapport figure cette citation attribuée au «commandant du bataillon Aïdar», à savoir le prédécesseur de Maxim Marchenko : «Ce n’est pas l’Europe. C’est un peu différent… Il y a une guerre ici. La loi a changé, les procédures ont été simplifiées… Si je le décide, je peux vous faire arrêter tout de suite, vous mettre un sac sur la tête et vous enfermer dans une cave pendant 30 jours en vous soupçonnant d’aider les séparatistes.»
Le rapport d’Amnesty indique par ailleurs que la réglementation de Kiev sur les groupes de volontaires est peu contraignante et que leurs membres «agissent pratiquement sans surveillance ni contrôle». L’ONG demande par conséquent à Kiev de clarifier le statut juridique et l’affiliation de ces bataillons et de les intégrer pleinement dans des «chaînes de commandement claires», de sensibiliser tous ses militaires au droit international et de mettre en œuvre des «enquêtes efficaces» sur les violations des droits de l’Homme.
L’OSCE avait également relevé des accusations de telles violations commises par le bataillon Aïdar.
Comme le soulignait Newsweek en 2014, le bataillon Aïdar bénéficiait du soutien de l’oligarque ukrainien Igor Kolomoïsky, qui financerait aussi les bataillons de volontaires Azov, Donbas, Dnepr 1 et Dnepr 2, opérant sous les ordres de Kiev. Un mandat d’arrêt a été lancé en juillet 2014 en Russie contre le milliardaire pour avoir «organisé le meurtre de civils» en finançant ces combattants.
Et pour cause, les bataillons ukrainiens sont soupçonnés de nombreuses exactions. A titre d’exemple, comme le rapportait Newsweek, peu après la publication du rapport d’Amnesty International précité, étaient publié sur les réseaux sociaux des images de ce qui semble être les têtes coupées de deux civils. La chaîne d’information russe NTV les avait identifiées comme étant des têtes d’otages rebelles. Peu de temps après, Pravilnoe TV – une chaîne d’information basée à Kiev – avait indiqué avoir parlé avec la mère de l’une des victimes, qui avait confirmé que son fils était un rebelle capturé lors de combats à Donetsk. Elle avait également affirmé avoir reçu par la poste la tête de son fils dans une boîte en bois.
Bernard-Henri Levy avait apporté son soutien au coup d’Etat de 2014, qui s’était soldé par la chute du président Viktor Ianoukovitch, en se rendant notamment parmi les manifestants du Maïdan. A la suite de celui-ci, les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (dans le Donbass, dans l’est ukrainien) avaient fait sécession, au regard notamment de la tonalité antirusse du nouveau pouvoir de Kiev. S’en est suivi un conflit entre l’armée ukrainienne et les séparatistes, qui a fait plus de 13 000 morts en huit ans, dont de nombreux civils de cette région en majorité russophone.
Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine, après avoir reconnu l’indépendance des républiques du Donbass, a annoncé le lancement d’une opération militaire visant selon ses termes à «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine. Kiev et ses alliés occidentaux dénoncent cette offensive comme une guerre d’invasion. Selon des chiffres de l’ONU en date du 15 mars, 636 civils sont morts depuis le début de l’intervention russe. Moscou assure viser exclusivement les infrastructures militaires, mais les autorités ukrainiennes font régulièrement état de victimes civiles.
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