Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a salué l'«importante contribution» de la diplomatie chinoise concernant son plan de règlement du conflit en Ukraine et la possibilité de parvenir à une «paix juste».
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a salué le 24 février une «importante contribution» de la Chine à propos du plan présenté la veille par le ministère chinois des Affaires étrangères contenant une série de propositions afin de parvenir à «un règlement politique de la crise en Ukraine».
«Je pense que le plan présenté par le gouvernement chinois est une importante contribution. Je pense que l’appel sur la nécessité d’éviter l’utilisation des armes nucléaires est particulièrement important», a-t-il fait valoir devant la presse, mettant en lumière la «responsabilité collective» visant à parvenir à une «paix juste».
Un plan afin d’éviter que la situation «ne devienne incontrôlable», assure la diplomatie chinoise
Dans le document présenté en 12 points par la diplomatie chinoise, il est expliqué que «toutes les parties doivent faire preuve de rationalité et de retenue, éviter d’alimenter les tensions ou de prendre des mesures pour aggraver le conflit, éviter une nouvelle escalade et empêcher que la situation ne devienne incontrôlable».
Elle appelle également à encourager «tous les efforts visant à résoudre pacifiquement la crise», se disant prête à «aider et jouer un rôle constructif» dans la mise en place de «mesures pour soutenir le rétablissement des zones de conflit» et insistant sur la nécessité, selon elle, de «faciliter les contacts entre la Russie et l’Ukraine» avec l’objectif d’une «reprise du dialogue direct».
«La mentalité de guerre froide doit être abandonnée. La sécurité d’un pays ne doit pas être assurée en portant atteinte à la sécurité d’autres Etats et la sécurité régionale ne peut être maintenue en renforçant et en élargissant les blocs militaires», est-il encore souligné.
Le ministère chinois des Affaires étrangères demande également de mettre un terme à toute sanction unilatérale «sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU». Faisant valoir la nécessité d’assurer la stabilité des chaînes d’approvisionnement et de livraison à l’échelle mondiale, il appelle à retrouver une coopération mondiale dans les secteurs de l’énergie, de la finance, du commerce alimentaire et des transports.
«Les risques stratégiques doivent être réduits. Les armes nucléaires ne doivent jamais être utilisées, une guerre nucléaire ne doit jamais être déclenchée. Il est nécessaire de résister à l’utilisation d’armes nucléaires […]. La Chine s’oppose fermement aux attaques contre les centrales nucléaires et autres installations nucléaires civiles et appelle toutes les parties à respecter le droit international, y compris la Convention sur la sûreté nucléaire», insiste-t-il, tout en exprimant son opposition «au développement et à l’utilisation d’armes biologiques et chimiques par n’importe quel pays, en toutes circonstances».
Une proposition bien accueillie en Russie et en Ukraine… moins par l’OTAN
Réagissant au document chinois, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré dans un document diffusé le 24 février sur le site de la diplomatie russe apprécier «hautement la volonté sincère de [leurs] amis chinois de contribuer à la résolution du conflit en Ukraine par des moyens pacifiques».
De son côté, cité par l’AFP le même jour, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a lui fait valoir devant la presse qu’il aimerait «une réunion avec la Chine. C’est dans l’intérêt de l’Ukraine aujourd’hui». «Que la Chine commence à parler de l’Ukraine et envoie certains signaux, c’est un point très positif», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
A contrario, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a lui semblé irrité par le plan proposé par la diplomatie chinoise. «Sur les propositions et les points présentés par la Chine, tout d’abord : la Chine n’a pas beaucoup de crédibilité parce qu’elle n’a pas été en mesure de condamner l’invasion illégale de l’Ukraine. Et elle a aussi signé quelques jours avant l’invasion un accord […] sur un partenariat illimité avec la Russie», a-t-il tancé le 24 février lors d’un déplacement à Tallinn.
Même son de cloche outre-Rhin, où le président allemand Frank-Walter Steinmeier a mis en lumière ses «doutes» concernant le «rôle constructif» que pourrait jouer, selon lui, la Chine dans le règlement du conflit en Ukraine. «Toute proposition constructive, qui nous rapproche d’une paix juste, est la bienvenue. Il est encore douteux que la Chine, puissance mondiale, veuille jouer un tel rôle constructif», a-t-il remarqué lors d’une cérémonie à Berlin le même jour.
Pour rappel, la Russie a lancé une «opération militaire spéciale» en Ukraine le 24 février 2022. Kiev et ses alliés dénoncent, depuis, une guerre d’invasion ne répondant à aucune provocation de la part de Kiev. Les Occidentaux ont multiplié ces 12 derniers mois les sanctions économiques contre la Russie, ainsi que les livraisons d’armements à Kiev. Moscou, de son côté, a justifié son offensive militaire en invoquant, notamment, la nécessité de protéger les populations du Donbass, les autorités locales étant en conflit avec le pouvoir central ukrainien depuis le coup de Maïdan de 2014. Les autorités russes ont également dit vouloir «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine et ont dénoncé la menace pour leur territoire que représente, selon elles, l’expansion vers l’est de l’OTAN.
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