Face à une inflation qui atteint encore 8,75% dans la zone euro, la BCE a de nouveau monté ses taux directeurs d’un demi point de pourcentage. Et cela alors qu’aux Etats-Unis les hausses des taux ont déjà provoqué la faillite d’une banque.
La Banque centrale européenne a procédé le 16 mars à une augmentation de ses taux directeurs d’un demi point, portant ainsi le MRO (principal taux de financement pour les banques) à 3,5%, un record depuis 15 ans. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 22 mars, porte le taux de financement marginal (qui permet des prêts au jour le jour) à 3,75% et la rémunération des dépôts bancaires à 3%. La BCE a ainsi souligné sa détermination à lutter contre une inflation moyenne élevée de 8,5% dans la zone euro.
Alors que certains prévoyaient une augmentation plus faible en raison de la tourmente bancaire, la présidente Christine Lagarde, citée par l’agence Associated Press (AP) a qualifié à plusieurs reprises le secteur bancaire des 20 pays utilisant l’euro de «résilient», avec de solides réserves financières et beaucoup de liquidités disponibles.
«Nous surveillons de près les tensions actuelles sur les marchés et nous nous tenons prêts à réagir si nécessaire pour préserver la stabilité des prix et la stabilité financière», a ainsi déclaré Christine Lagarde, laissant entendre que l’institut monétaire était prêt à renflouer les banques de la zone euro qui pourraient faire défaut.
Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a en outre précisé que l’exposition de la zone euro à Credit Suisse, qui est en dehors de la structure de supervision bancaire de l’Union européenne, était «assez limitée» et «pas concentrée» en un seul endroit.
D’autres hausses en vue ?
Leur message fait suite à la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) aux Etats-Unis la semaine dernière, après avoir subi des pertes sur des obligations garanties par le gouvernement dont la valeur a chuté en raison de la hausse des taux d’intérêt. Elle a aussi pour contexte l’effondrement du cours de l’action de Credit Suisse qui a dû se tourner vers la banque centrale helvète pour un crédit d’urgence de 50 milliards de francs suisses (50,8 milliards d’euros).
La veille du relèvement des taux directeurs de la BCE, les difficultés de Credit Suisse avaient fait chuter les actions de ses principaux prêteurs européens tels que Deutsche Bank, BNP Paribas et la Société générale. Mais les actions bancaires se sont en partie redressées ce 17 mars. Cette nouvelle hausse des taux de la BCE n’est peut-être pas la dernière, sa présidente ayant déclaré que «l’inflation devrait rester trop élevée pendant trop longtemps».
«Les marchés supposent qu’il s’agit peut-être de la dernière hausse de taux de la BCE, mais la réalité est que l’évolution du secteur bancaire pourrait changer dans les deux sens dans les semaines à venir», commente Frederik Ducrozet, responsable de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management cité par l’agence AP. «Si la panique s’apaise, la BCE devrait reprendre son resserrement [hausse de taux] d’ici peu», ajoute-t-il.
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